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sérieusement la question du développement d’une capacité d’observation
spatiale par imagerie radar en France.
3. L’exploitation des données
Le domaine de la donnée est en train de vivre une véritable
révolution et le secteur spatial n’échappe pas à cette transformation que les
dynamiques du « New Space » viennent accélérer.
Le progrès technologique, associé à l’augmentation considérable du
nombre de satellites placés en orbite a pour effet de démultiplier la quantité
de données disponibles. Selon Jean-Marc Nasr, vice-président exécutif
d’Airbus Space Systems, en quelques années, le flux d’images prises depuis
l’espace a été multiplié par cinq, et cette évolution va se poursuivre grâce à
des systèmes de plus en plus performants. L’arrivée de constellations de
plusieurs dizaines, voire centaines, de satellites, va en effet générer une
véritable explosion du volume d'images disponibles qu'aucun opérateur
humain ne pourra traiter et analyser en temps réel.
Le spatial est, par exemple, l’un des plus gros fournisseurs de
données climatiques et environnementales. C’est ainsi un véritable big data
spatial qui se forme au-dessus de nos têtes, avec d’importants marchés à la
clé. L'observation de la Terre recèle un potentiel commercial inédit pour
l'industrie spatiale tant les champs d'application possibles sont nombreux :
environnement,
défense,
géologie,
agriculture,
climatologie,
télécommunications, etc.
Dès lors, le développement d’outils de traitement de données de
masse est indispensable pour éviter que trop de données ne tuent la donnée.
La communauté du renseignement est depuis longtemps confrontée à ce défi
avec l’augmentation exponentielle des données issues de la mise en œuvre
de techniques de renseignement ; c’est dans ce contexte que la loi
« renseignement » du 24 juillet 2015 a autorisé, à titre expérimental jusqu’au
31 décembre 2020, la mise en place de la technique de l’algorithme visant à
détecter une menace terroriste. En faisant appel à des ordinateurs pour
traiter des masses d’informations dont le volume ne permet pas
l’exploitation par des ressources humaines limitées, l’intelligence artificielle
est la clé de la transformation de la donnée en renseignement, que ce soit à
des fins civiles ou militaires.
À partir de ces algorithmes capables d'extraire les informations
utiles, il devient possible de développer tout un champ de nouveaux
services : détection de zones polluées, érosion des sols, surveillance des
réserves maritimes, gestion durable des forêts, etc.
Pour ce qui relève plus particulièrement de la sécurité et de défense,
il ne s’agit en effet pas de tout surveiller, mais de s’attacher à des individus