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Pour planifier efficacement, il faut disposer d’informations sur des
régions dont le libre accès n’est pas garanti tout en préservant une certaine
discrétion. Capables de recueillir des données en tout point du globe, sans
contraintes juridiques, les capteurs spatiaux permettent d’analyser
l’évolution des crises sans dépendre d’un quelconque partenaire étranger.
Cette autonomie d’analyse contribue aux prises de décisions qui engagent
notre pays.
L’espace participe également à la mise en œuvre des armements. Le
système de navigation par satellites GPS permet la localisation précise des
objectifs en mouvement. Le terrain situé dans l’environnement des objectifs
fixes est numérisé à partir de prises de vue satellites : ces informations
permettent d’assurer le guidage d’armes de précision.
Enfin, nos capacités de surveillance de l’espace contribuent
discrètement à la protection des forces engagées en les renseignant
notamment sur les moyens satellitaires dont dispose l’adversaire. À terme, la
composante spatiale du système d’alerte avancée permettra à nos forces de
prendre, si nécessaire, les mesures adaptées face à la menace que
représentent les missiles balistiques.
L’espace est devenu aujourd’hui un fournisseur formidable et
indispensable de moyens au profit des opérations.
3. L’espionnage et le contre-espionnage
En septembre 2018, dans son discours prononcé au Cnes sur les
enjeux de l’espace pour la Défense, Florence Parly, ministre des Armées
françaises révélait que le satellite russe Louch-Olymp avait été surpris à
proximité immédiate du satellite de télécommunications militaires
franco-italien Athena-Fidus, vraisemblablement pour tenter d’en intercepter
les communications cryptées.
L’observation des manœuvres de ce satellite russe à proximité de
près d’une dizaine d’autres satellites appartenant à différents pays a mis en
évidence la réalité d’une utilisation de l’espace à des fins de renseignement.
Ces manœuvres d’approche d’un satellite par un autre satellite
peuvent servir à recueillir du renseignement (écoutes et prises de vues) ou
mener des actions plus offensives et réversibles comme le brouillage ou
l’éblouissement, ayant pour effet de neutraliser un satellite. Sur l’arc
géostationnaire, de telles opérations sont réalisables sans difficulté excessive
et plusieurs pays disposent des capacités et des compétences requises pour
les conduire.
Ainsi, cette forme de recueil de renseignement spatial pourrait se
développer à travers des cyberattaques susceptibles d'accéder aux données
du satellite, voire de rendre inopérants ou brouiller ses capteurs. Le risque
n’est donc pas véritablement celui de la destruction d'un satellite, en ce sens

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