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Deux problématiques principales sont associées à l’évolution de la
pollution spatiale, très différentes l’une de l’autre. Il s’agit, d’une part, des
rentrées aléatoires dans l’atmosphère et, d’autre part, des risques de collision
pour les satellites actifs et les vols habités.
Ce ne sont pas là des risques théoriques puisque, par exemple, un
satellite de la constellation SpaceX a contraint le 2 septembre 2019 un
satellite de l’Agence spatiale européenne (ESA) à changer légèrement de
trajectoire pour réduire le risque de collision. L’évitement fait en effet partie
des moyens mis en œuvre pour éviter une collision.
Dans ce contexte, pouvoir disposer d’une cartographie exhaustive de
l’espace est essentiel pour prévenir les risques de collision. Les États-Unis
fournissent ainsi gratuitement à tous les opérateurs de satellites des alertes
en cas de risques de collision. Mais cette dépendance aux États-Unis n’est
pas satisfaisante. Le monde entier dépend en effet des données transmises
par les Américains à travers le catalogue des objets spatiaux qu’ils mettent à
disposition, avec pour chacun d’entre eux des données orbitographiques
plus ou moins précises. Ces informations nous sont indispensables dès lors
que nous ne suivons, avec nos seuls moyens propres, environ dix fois moins
d’objets en orbite que les États-Unis.
2. L’appui aux opérations militaires
Pendant la première guerre du Golfe (1990-1991), 98 % du
renseignement image était fourni par les États-Unis.
La « Stratégie spatiale de défense » présentée en 2019 souligne la
fonction stratégique que représente le renseignement d’origine spatiale pour
l’appui aux opérations et la nécessité de garantir notre indépendance.
Au sein de la communauté du renseignement, cette fonction
incombe à la direction du renseignement militaire (DRM) qui assure le
contrôle opérationnel des charges utiles de nos satellites d’observation et
d’écoute, hiérarchise les demandes de prises de vues pour assurer la
satisfaction des besoins prioritaires des utilisateurs et analyse les images à
des fins de renseignement via le Bureau capacité stratégique interarmées
(BCSI) de la DRM.
L’appui aux opérations est un domaine d’intérêt vital pour nos
armées. La conduite d'opérations militaires de grande envergure ne peut
plus se dérouler sans l'apport des satellites, indispensables pour se projeter,
connaître son théâtre d'opération, recueillir du renseignement, surveiller et
naviguer. Les armées observent et écoutent depuis l’espace. Situé
principalement sur la base aérienne 110 de Creil, le Centre militaire
d’observation par satellites (CMOS) a ainsi pour mission de garantir l’accès
permanent du ministère des Armées à l’imagerie spatiale.

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