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- la qualité de la formation des agents qui doivent être en mesure de
déceler les bons signaux chez les personnes radicalisées ou en voie de l’être.
Leur parole doit en outre être facilitée, voire décomplexée, même si elle peut
porter préjudice aux collègues visés par les signalements ;
- la qualité de la remontée d’informations grâce à une approche
ascendante, qui part des agents vers leur encadrement de proximité. La
forme écrite peut générer une autocensure chez celui qui détecte les premiers
signes ; en revanche, elle doit être privilégiée par sa hiérarchie de proximité
afin de nourrir le dossier des individus visés par les signalements. La chaîne
hiérarchique doit contrôler ce dispositif d’informations et mettre en œuvre
les investigations nécessaires, en toute impartialité, pour confirmer ou
infirmer les informations recueillies, sans éveiller de soupçon ;
- la qualité du contrôle externe. Afin de mettre à jour d’éventuels
dysfonctionnements et les corriger, un audit de certains services peut
s’avérer utile.
Dans l’affaire Harpon, certaines informations n’ont pas été
remontées à la hi��rarchie, peut-être en raison du handicap de l’intéressé qui
suscitait une certaine mansuétude de la part de ses collègues. En outre, la
plainte déposée par son épouse pour violences conjugales n’a pas été
considérée comme un motif de nature à remettre en question son habilitation
(cf. I. B. 3.).
1. La formation en ce domaine doit être continue
Tous les services indiquent que leurs agents sont formés ou
sensibilisés aux enjeux liés à la radicalisation dans le cadre de leur formation
initiale ou de leur stage d’accueil. En revanche, ces formations ne font pas
toujours l’objet d’un module complémentaire au cours de leur carrière
administrative.
Il est essentiel que les agents soient régulièrement sensibilisés pour
actualiser leurs connaissances et garder à l’esprit les consignes et les
procédures en vigueur dans leur service. Ces modules doivent revêtir un
caractère obligatoire et être conçus à partir des mêmes grilles d’analyse afin
qu’une culture commune puisse se diffuser, ce qui n’est pas le cas
aujourd’hui.
L’académie du renseignement a notamment pour missions de
concevoir et de mettre en œuvre des activités de formation initiale et
continue au profit du personnel des services de renseignement, et de
favoriser la coopération entre ces services en matière de formation. À ce titre,
elle pourrait être chargée de concevoir, avec l’appui des services compétents,
des outils de formation à la détection des signes de radicalisation sur la base
de référentiels communs. Ces outils seront harmonisés, et adaptés à la
connaissance des agents sur le sujet (formation initiale, ou modules