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CHAPITRE II :
LE RENSEIGNEMENT PÉNITENTIAIRE,
L’AFFIRMATION D’UN SERVICE EN PREMIÈRE LIGNE
DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
Évasion spectaculaire de Redouane Faïd du centre pénitentiaire de
Réau, attaque au couteau de deux surveillants à Condé sur Sarthe, hausse de
la radicalisation en détention : la question pénitentiaire anime le débat
politique et médiatique et interpelle une opinion publique très préoccupée
par ce qu’elle sait ou ne sait pas de ce qui se passe dans les prisons
françaises.
Dans ce contexte, la prison ne pouvait rester plus longtemps un
angle mort du renseignement. La surveillance en milieu carcéral est devenue
en quelques années un enjeu central dans le dispositif de lutte contre le
terrorisme, conférant au renseignement pénitentiaire une place de plus en
plus signifiante.
La montée en puissance du renseignement pénitentiaire, à travers la
création d’un service à compétence nationale doté de réels moyens et de
prérogatives renforcées, vise à relever le défi de cette menace terroriste
devenue endogène, à un moment où s’accélère le rythme des sorties de
prison de détenus condamnés pour terrorisme.
I. LA
MONTEE
PENITENTIAIRE
EN
PUISSANCE
DU
RENSEIGNEMENT
En quelques années, le renseignement pénitentiaire a connu un
développement considérable, se hissant au rang des priorités de l’agenda
politique et administratif. Dernier né des services de renseignement, le
service national du renseignement pénitentiaire dessine progressivement sa
place au sein de la communauté du second cercle.
A. D’UN BUREAU CENTRAL À UN SERVICE À COMPÉTENCE NATIONALE
L’organisation d’une véritable structure de renseignement au sein de
l’administration pénitentiaire est récente. Elle est consécutive à l’apparition
d’une menace terroriste endogène à laquelle il a fallu répondre dans
l’urgence – même si ses missions sont plus larges – en s’appuyant sur une
culture ancienne du renseignement pénitentiaire dans notre pays.