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d’autres jeunes filles qui envisageaient de commettre un attentat en région
lyonnaise à l’aide d’armes légères.
Daech n’a pas besoin de microfinancement. Il y a toutefois un volet
lié au financement : ainsi une association, « Perle d’espoir », utilisait Facebook et
les réseaux sociaux pour collecter des fonds.
Les réseaux sociaux sont également un moyen de connexion entre les
individus en France mais aussi avec les individus qui désirent rejoindre la Syrie.
Les combattants ouvrent des comptes à leur arrivée, ce qui permet de relater la
vie quotidienne, de montrer le butin récupéré, de donner des conseils pour
rejoindre les combattants sur place, vantant la vie là-bas, et ce qu’il faut faire
pour partir : le matériel à amener, la manière de s’habiller pour ne pas attirer
l’attention, etc.
Dans la partie privée de ces réseaux, les utilisateurs échangent les
numéros de téléphone et les noms de passeurs ainsi que les modes opératoires
pour se rendre sur les zones de combat. C’est très facile d’y aller. Rapidement,
ils utilisent Skype pour échanger les informations, de manière sécurisée. Tout
futur djihadiste en attente de conseils trouve donc très facilement les éléments
pour aller sur zone, de manière très attractive.
Tout cela est très bien fait et attire beaucoup de jeunes, notamment
des jeunes filles : nous avons beaucoup de dossiers où des jeunes filles, via les
réseaux sociaux, se sont faites « harponnées » par des combattants à la recherche
d’une épouse. Ils se marient via Skype et rejoignent la zone de conflit. On a
également une campagne de recrutement de Daech en direction de jeunes filles
françaises musulmanes ou non, pour leur faire épouser des combattants en
Syrie. C’est un phénomène nouveau : la radicalisation est très rapide, et c’est
extrêmement compliqué à maîtriser.
En même temps, cela est une aide pour nous : nous utilisons ce que
nous trouvons sur Internet. Cela permet de constituer des éléments de preuve
pour pouvoir déférer les gens devant l’autorité judiciaire, pour association de
malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, car dans le cadre des filières
syriennes, nous n’allons pas sur zone. En effet, certains tiennent des journaux
quotidiens, très circonstanciés, y compris sur la partie publique de Facebook.
Nous avons eu le cas précis d’un individu revenu en octobre. Il tenait
un journal de bord, sur la partie publique de Facebook. C’est aussi une stratégie
de Daech de laisser faire, dans un but de prosélytisme pour pouvoir recruter
facilement les combattants et les faire venir. Les auditions des personnes
revenues permettent d’établir que certains occidentaux ne font qu’administrer
des sites sur place. Cela montre l’importance accordée par Daech et Al Qaïda
pour l’information.
Nous rencontrons des limites dans nos investigations. Jusqu’à
récemment, la loi ne nous permettait pas d’utiliser l’infiltration sur Internet
pour rentrer dans les profils Facebook. Nous n’avions accès qu’à la partie
publique. Désormais, nous avons la possibilité de constituer des « cyber