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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

Par ailleurs, je m’interroge sur le nombre d’hébergeurs français et je
me demande, sans connaître particulièrement cette question, si, dans la mesure
où ces hébergeurs se font concurrence, ils ne craignent pas de perdre des clients
en s’érigeant en juges des pratiques de leurs clients. Il me semble que la
République ne peut pas se relever si nous ne partageons pas un sentiment
commun de responsabilité. Il ne me semble pas acceptable de laisser tout faire
sur Internet pour des motifs économiques, je le dis avec gravité.
Madame Chambon, je souhaiterais savoir si vous êtes satisfaite du
temps de réponse entre le signalement et le blocage ? Avez-vous déjà noté des
dysfonctionnements, avez-vous déjà estimé qu’il aurait été possible, dans
certains cas, d’aller plus vite ?
Mme Nathalie Goulet, co-présidente. – Je précise que cette audition
est ouverte à tous les Sénateurs dans la mesure où ce problème relève d’une
question éminemment citoyenne, liée aux nouvelles technologies et aux
nouvelles formes de délinquance. D’ailleurs, plus nous avançons dans nos
réflexions, plus nous appréhendons la complexité du phénomène. Si cette
audition est ouverte largement, c’est aussi pour permettre un large échange
citoyen, comme l’a montré la mobilisation du 11 janvier, et favoriser une
meilleure appréhension du phénomène et la définition de solutions adaptées.
La multiplication des lois anti-terroristes au cours des 15 dernières années
montre d’ailleurs que la seule solution sécuritaire ne suffit pas.
M. Claude Raynal. – Je partage certaines des interrogations de mes
collègues par rapport aux présentations qui nous ont été faites. Le point qui
m’apparaît le plus étonnant, c’est l’impression qu’il me reste à vous écouter,
Messieurs, d’une certaine minimisation du sujet. J’aurais aimé que vous
marquiez l’intérêt des questions que ce sujet pose et ne pas entendre un
plaidoyer pour minimiser ce problème. J’aurais aimé entendre une implication
plus forte et une plus grande volonté d’agir, malgré toute la complexité du
sujet. J’ai été choqué par certaines expressions que vous avez utilisées,
notamment le fait qu’il vous semble « impossible d’agir » sur les réseaux
sociaux, ou encore l’évocation d’une « ligne Maginot numérique ». Vos propos
me laissent à penser que vous ne cherchez pas de véritables solutions, or,
j’aurais aimé vous entendre nous dire que vous y réfléchissiez.
Sur le sujet, et je rejoins le rapporteur et les co-présidents, la question
est de pouvoir agir rapidement. Si l’on a recours au juge judiciaire, je le sais
pour l’avoir été moi-même, je ne suis pas sûr que l’on soit dans une réponse
adaptée à la nature du phénomène. Cela ne signifie pas pour autant que l’on ne
doit pas prévoir l’intervention du juge, par exemple on pourrait envisager un
blocage administratif et une intervention du juge ex-post en cas de contestation.
La plateforme pourrait ainsi saisir le juge si elle considère que l’action rapide a
été disproportionnée ou attentatoire aux libertés.
Je souscris pleinement à votre proposition de faciliter les
signalements en un clic ou la nécessité de nourrir le contre-discours, même si

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