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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

Mme Sylvie Goy-Chavent. – Des lobbies financiers gagnent de
l’argent en trompant les consommateurs musulmans. Or un responsable
religieux que j’avais questionné m’avait indiqué qu’il n’y avait aucun suivi des
fonds brassés par l’industrie de l’abattage rituel. Une plus grande transparence
de ce secteur servirait les musulmans et les juifs de France. Puis, l’État pourrait
ponctionner une partie des profits pour financer la lutte contre le terrorisme.
Mme Éliane Assassi. – Vous faites un lien entre viande halal et
terrorisme ?
M. Jean-Yves Leconte. – Bravo !
M. Jeanny Lorgeoux. – Intéressant mais sans grand lien avec nos
travaux…
M. Jean-Pierre Sueur, rapporteur. – Notre commission ne peut
souscrire à ces propositions.
M. Michel Forissier. – Le recteur de la mosquée de Lyon est l’un de
mes vieux amis. Nous avons souvent parlé de l’organisation du culte
musulman et, en tant que premier vice-président du conseil général du Rhône,
j’ai eu à connaître de ces sujets. Halte à l’hypocrisie ! La proposition de Mme
Goulet et M. Reichardt doit être prise en considération. Nous ne mettrons pas
un terme aux dérives sans le concours de ceux qui pratiquent la religion
musulmane. Nous devons les aider à s’organiser, sans pour autant financer la
formation des aumôniers, car ce serait contraire à la laïcité. Nous devons
soutenir un islam des lumières, conforme aux valeurs de la République
française, et lutter contre celui qui prétend imposer son ordre à tous les États du
monde. Ne faisons pas l’autruche ! Notre commission doit se prononcer : des
contributions individuelles ne font pas un travail collectif.
M. Jean-Pierre Sueur, rapporteur. – J’estime au contraire que c’est
précisément dans un cas comme celui-ci qu’elles sont utiles. Tout en marquant
que ce qui figure dans le rapport fait l’objet d’un consensus, elles permettent
d’exprimer d’autres positions.
M. Michel Forissier. – Je suis gêné par les phrases du rapport qui
laissent entendre que le djihadisme se développe en marge des lieux de culte.
Ayons le courage de dire que certaines mosquées favorisent l’engagement dans
le djihad – car nous savons lesquelles. Tous les départs au djihad, dans
l’agglomération lyonnaise, se sont faits depuis la même mosquée.
M. Jean-Pierre Sueur, rapporteur. – Il n’y a pas de rapport simple de
causalité : l’existence d’une mosquée n’induit pas de radicalisation et la
radicalisation peut se développer en l’absence de lieu de culte.
M. Michel Forissier. – Il n’en reste pas moins que certaines
mosquées sont des lieux de radicalisation, nous le savons, même si l’immense
majorité ne l’est pas.

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