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Mme Nathalie Goulet, présidente. – Ce sera le cas, sans aucun
doute. Nous voulions toutefois inciter à « remettre en chantier la réforme du
CFCM », rien de plus.
M. Jean-Pierre Sueur, rapporteur. – Le rapport prévoit déjà de
« clarifier la place du fait religieux dans le cadre républicain », de « favoriser la
construction d’un islam de France » ; et il évoque « les insuffisances de la parole
publique musulmane sur le plan théologique ». Quant au cahier des charges
minimal sur la formation des imams, il est déjà dans le texte. Je vous encourage
à transformer ces amendements en une contribution, car je ne peux reprendre
ces propositions à mon compte, qu’il s’agisse de l’organisation de l’islam, de la
viande halal…
Mme Sylvie Goy-Chavent. – Pourquoi non ?
M. Jean-Pierre Sueur, rapporteur. – Parce que la viande halal a
resurgi récemment dans le débat politique d’une manière qui me déplaît.
Je suis tout aussi défavorable à l’introduction dans le rapport d’une
préconisation sur la relance de la Fondation pour les œuvres de l’Islam ou sur
l’interdiction des financements étrangers des lieux de culte.
Mme Bariza Khiari. – En effet, interdire le financement étranger est
impossible !
M. Jean-Pierre Sueur, rapporteur. – Quant à l’idée d’imposer que les
prêches soient faits en français, objet de l’amendement n°49 ! Je puis être
mécontent que des prêches soient prononcés en une autre langue que la nôtre.
Mais ce qui compte, c’est de savoir si leur contenu est contraire à la loi. Si tel est
le cas, il l’est quelle que soit la langue utilisée. Pour autant, il serait contraire à la
Constitution d’interdire l’usage d’une langue dans un lieu de culte.
Voulons-nous interdire le latin à l’église ? L’hébreu dans les synagogues ?
Mme Nathalie Goulet, présidente. – Un prêche n’est pas une prière.
Les Anglais ont imposé l’usage de leur langue…
M. Jean-Pierre Sueur, rapporteur. – Les Autrichiens aussi, mais cela
ne rend pas cette mesure conforme à notre Constitution.
Mme Sylvie Goy-Chavent. – Les musulmans de France sont dans
une sorte de nébuleuse qui favorise les amalgames. Ils vivraient mieux si nous
assainissions cette situation.
Mme Bariza Khiari. – Absolument.
Mme Sylvie Goy-Chavent. – Ces confusions sont très répandues, il
faut du courage pour s’en démarquer. La production de viande halal, que je
connais bien pour avoir été rapporteure d’une mission commune d’information
sur la filière viande, est extrêmement trouble : le consommateur ne peut être
assuré que les produits qu’il achète respectent les exigences du halal. La
traçabilité est nulle.
M. Jean-Pierre Sueur, rapporteur. – Quel rapport avec notre sujet ?