- 252 -

FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

la direction de l’administration pénitentiaire pour mettre en place des
quartiers dédiés à la prise en charge des personnes radicalisés dans les
maisons d’arrêt d’Osny et de Fleury-Mérogis et d’étudier l’implantation de
nouveaux quartiers au centre pénitentiaire de Fresnes.
Ces quartiers devront offrir des garanties d’étanchéité vis-à-vis du
reste de la population pénale et permettre une évaluation dans la durée
des comportements des détenus. Bien qu’isolés, ces quartiers seront ouverts
aux intervenants extérieurs, notamment aux aumôniers. Ils permettront de
faciliter des interventions ciblées qui pourraient être inspirés du programme
anglais « Ibaana » où un aumônier expérimenté discute les croyances des
détenus au cours de sessions individuelles de plusieurs heures 1.
Toutefois, afin d’éviter une concentration excessive qui pourrait
comporter des risques pour les surveillants, comme ceux-ci l’ont explicitement
indiqué lors de la visite d’une délégation de votre commission d’enquête à
Fleury-Mérogis, votre rapporteur recommande de définir un effectif maximal
dans ces quartiers, qui serait compris entre 10 et 15 personnes. S’il convient d’y
affecter l’ensemble des détenus engagés dans un processus de radicalisation, et à
ce titre construire et aménager les quartiers nécessaires, les détenus présentant
une radicalisation violente et perturbant le quotidien de l’établissement
continueront de faire l’objet de mesures d’isolement administratif ou judiciaire.
Enfin, votre rapporteur invite à concevoir les quartiers de
regroupement comme un sas, un lieu propice à une évaluation permanente
des comportements des détenus avant leur prise en charge dans des
programmes adaptés aux différents profils d’engagements dans un
processus de radicalisation.
À terme, il conviendra de prévoir des quartiers affectés
spécifiquement à la réalisation des programmes de prise en charge adaptés à
tel ou tel type de radicalisation. Ainsi, les détenus « fragiles » en début de
radicalisation ne seraient pas placés avec ceux déjà ancrés dans cette dérive.
Il appartiendra à la commission pluridisciplinaire unique 2, sur un rythme
bimensuel, de proposer ces affectations et la sélection, le maintien ou le
retrait d’un détenu pour un programme spécifique de désengagement.
Proposition n° 98 : Dans les maisons d’arrêt, isoler les individus radicalisés
dans un quartier à l’écart de la population carcérale, dans la limite de 10 à
15 personnes, pour permettre une prise en charge individualisée et adéquate.

HM Government, Tackling extremism in the UK, Report from the Prime Minister’s Task Force on
Tackling Radicalisation and Extremism, December 2013, pages 6-7.
2 Selon la circulaire du 18 juin 2012 relative aux modalités de fonctionnement de la commi ssion
pluridisciplinaire unique, cette instance est compétente pour examiner la situation des détenus
arrivants, examen qui précède « l’affectation de chaque personne détenue arrivante dans le
secteur d’hébergement qui lui semble adapté ».
1

Select target paragraph3