- 246 -
FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE
(1) Donner les moyens de leurs actions aux personnels de surveillance
(a) Renforcer les effectifs et la formation des personnels
La surveillance des phénomènes de radicalisation doit être la plus
extensive possible : l’ensemble des personnels pénitentiaires doit être
mobilisés à la détection des signaux « faibles » de la radicalisation.
À ce titre, il convient en premier lieu d’améliorer et de refondre
l’outil d’analyse de la radicalisation pour une utilisation par tous les
surveillants1. C’est l’objet d’une recherche-action, dont le marché public,
publié le 7 octobre 2014, a été attribué le 5 janvier 2014 à l’Association
française des victimes du terrorisme. Cet outil, prochainement mis en place,
devra comporter une grille d’indicateurs de la radicalisation
(cf. proposition n° 5) et faire régulièrement l’objet d’une mise à jour,
notamment par une structure dédiée à l’observation des comportements
djihadistes (cf. proposition n° 7).
Pour une appropriation optimale par les surveillants de cet outil,
votre rapporteur recommande, outre un renforcement de leur formation
(cf. proposition n° 1) la mise en place d’une cellule nationale de retour
d’expériences, au sein du bureau du renseignement pénitentiaire, afin de
garantir sa pertinence opérationnelle tout au long de son existence.
Les informations pertinentes, au regard de la grille des signes de la
radicalisation, devront être renseignés dans un registre spécifique pour
faciliter le repérage et permettre de suivre l’évolution des comportements.
Au vu des éléments communiqués à votre rapporteur, il apparait que
différents établissements parisiens utilisent des modules de suivi et de
liaison différents, certains intégrés au cahier électronique de liaison (CEL) 2,
d’autres spécifiques. Votre rapporteur préconise l’utilisation d’un registre
unique standardisé au niveau national.
Au regard de la progression des phénomènes de radicalisation, cette
tâche de surveillance des signaux faibles n’est pas sans conséquence sur la
charge de travail des personnels de surveillance. Or, leur désarroi actuel, qui
résulte d’une forte pression sur leurs effectifs, ne doit pas être sous-estimé :
une amélioration générale de leurs conditions de travail serait un atout
supplémentaire pour la réussite de la lutte contre la radicalisation à laquelle
l’ensemble des personnels est particulièrement attaché. En conséquence,
votre rapporteur appelle à une révision des schémas d’emplois,
aujourd’hui calculés sur la base de la capacité d’accueil théorique des
Le département sécurité et détention de la direction interrégionale des services pénitentiaires de
Paris a élaboré une grille d’aide à l’évaluation du risque ou du degré de radicalisation islamiste,
validée par la sous-direction de l’état-major de sécurité de la direction de l’administration
pénitentiaire et utilisée dans l’ensemble des établissements pénitentiaires de la DISP de Paris depuis
janvier 2015.
2 Ce module est intégré au traitement de données « GIDE », gestion informatisée des détenus en
établissement, validé par la délibération n° 2011-021 du 20 janvier 2011 de la CNIL.
1