- 142 -

FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

(2) Vers un « cahier des charges » minimal pour la formation des
responsables religieux

 La formation des imams vise à permettre aux futurs responsables
musulmans de savoir guider la prière, notamment au sein des quelques
2400 lieux de culte et mosquées existant en France, et, le cas échéant, de
donner des avis religieux.
Cette formation n’est pas effectuée selon un modèle unitaire. Selon
les informations données à votre commission d’enquête, elle est dispensée
par plusieurs organismes employant des méthodes et organisations de
formation différentes. Parmi ces organismes figurent notamment deux
grands instituts : l’institut Al-Ghazali de la Grande mosquée de Paris, ainsi
que l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Château-Chinon,
affilié à l’UOIF. Il est à noter que l’IESH, qui dispose d’une annexe à SaintDenis, dispense plus largement une formation de théologie qui n’est pas
entièrement centrée sur la préparation à l’imamat.
À l’institut Al-Ghazali, la formation à l’imamat est effectuée en
3 200 heures, à raison de 20 heures par semaine pendant 4 ans. Après un an
de stage, les clercs ainsi formés ont la possibilité de poursuivre par un
master au sein de l’Institut, puis par un doctorat, le plus souvent en Égypte
ou en Tunisie. La formation est gratuite, l’institut étant financé par les dons
de mécènes ou par des gouvernements étrangers, notamment le
gouvernement algérien. Cet institut assure par ailleurs l’évaluation de
certains imams en provenance de l’étranger, en application d’un accordcadre de niveau ministériel, dans le but de s’assurer qu’ils disposent d’un
niveau minimal de connaissance de la langue française ainsi que d’un socle
de savoirs.
À l’issue de cette formation, la nomination d’un imam au sein
d’une mosquée ou d’un lieu de culte est effectuée selon la libre
appréciation du président de l’association en charge de la gestion de ce
lieu de culte. Ce mode d’organisation n’est pas spécifique à l’islam :
résultant de la séparation entre les sphères étatique et confessionnelle, il est
commun à l’ensemble des religions.
 Il ne revient naturellement pas aux autorités publiques, et donc au
Parlement, de définir le contenu de la formation dispensée aux candidats à
l’imamat ainsi qu’à l’aumônerie. À cet égard, deux aspects ont été
particulièrement affirmés par les responsables du culte musulman euxmêmes lors de leur audition par votre commission d’enquête.
Il a tout d’abord été souligné que cette formation, comme celle des
ministres des autres cultes, devrait comporter une dimension œcuménique,
de manière à favoriser le dialogue interreligieux, ainsi qu’une part
d’enseignements non théologiques, qui permette de donner aux futurs
responsables religieux une vue d’ensemble du contexte français ainsi que de
la culture et des valeurs de notre société. L’une des autorités religieuses

Select target paragraph3