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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

c) Un nombre trop limité d’aumôniers empêchant le développement de la
connaissance de l’islam parmi les détenus musulmans
Bien que le nombre d’aumôniers musulmans dans les prisons ait
doublé depuis 2005, ils restent en nombre insuffisant. En 2014,
182 aumôniers musulmans officiaient dans les établissements pénitentiaires
pour un budget affecté à l’aumônerie musulmane de 629 000 euros,
permettant l’indemnisation de 86 aumôniers.
Ils jouent pourtant un rôle essentiel dans le soutien moral et
l’apaisement qu’ils apportent aux détenus de confession musulmane ou
intéressés par la pratique religieuse. Ce manque est d’autant plus criant dans
les maisons d’arrêt que la détention peut provoquer des « chocs carcéraux »
qui fragilisent psychologiquement les individus, comme l’ont rappelé
certaines personnes entendues par votre commission d’enquête. Il s’agit là
d’un problème crucial qui appelle des mesures fortes 1.
d) Un renseignement pénitentiaire largement sous dimensionné
La surveillance des phénomènes de radicalisation, et plus largement
des détenus particulièrement signalés (DPS), est assurée par le bureau du
renseignement pénitentiaire (EMS 3), créé en janvier 2004, qui dépend de
l’état-major de sécurité 2.
En application de l’article 4 de l’arrêté du 9 juillet 2008 3, ce bureau,
composé de 13 fonctionnaires, centralise et analyse les renseignements
collectés auprès de 9 référents interrégionaux et de 191 référents présents
dans les établissements et les transmet au besoin aux services d’enquête, aux
parquets ou aux juges de l’application des peines.
Or, ces effectifs sont très largement insuffisants au regard de
l’extension du phénomène de radicalisation. De plus, il leur appartient
également de surveiller les détenus relevant du grand banditisme ou de
mouvements politiques extrémistes, soit plus de 900 individus. En outre, les
référents au sein des établissements exercent parfois ces missions à temps
partiel, comme votre rapporteur a pu le constater à la maison d’arrêt de
Cf. page 237.
Selon l’arrêté du 9 juillet 2008 fixant l’organisation en bureaux de la direction de l’administration
pénitentiaire, la sous-direction de l'état-major de sécurité est « chargée d'élaborer et de veiller à
la mise en œuvre des politiques visant à assurer la sécurité de ses personnels ainsi que des
établissements et des services pénitentiaires. Elle participe à la détermin ation des
orientations relatives aux modalités d'exécution par les services pénitentiaires des décisions
judiciaires concernant les personnes qui font l'objet d'une mesure judiciaire restrictive ou
privative de liberté et assure le suivi des événements affectant cette exécution. Elle assure le
recueil et l'exploitation de toutes les informations utiles à la sécurité des établissements et
des services pénitentiaires. Elle conçoit, analyse et évalue les dispositifs et procédures de
sécurité mis en œuvre au sein des services. Elle diligente des expertises, notamment en
matière de sécurité, et émet tous avis, propositions et recommandations utiles ».
3 Arrêté du 9 juillet 2008 fixant l’organisation en bureaux de la direction de l’administration
pénitentiaire.
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