14 juillet 2018

JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

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2.1.1.2. La prévention
En outre, les conclusions de la Revue stratégique appellent à rendre à la fonction « prévention » toute son
importance dans une logique d’approche globale pour la gestion des crises. La prévention vise à agir en amont, sur
leurs facteurs de déclenchement, pour en réduire les risques d’occurrence et en maîtriser les effets. Son
renforcement permettrait de susciter une mobilisation accrue de nos partenaires et alliés, notamment européens,
dans le cadre d’une approche préventive conjointe.
Pour répondre à cet impératif, la configuration du réseau de bases opérationnelles avancées (Côte-d’Ivoire,
Djibouti, Emirats arabes unis) et de pôles opérationnels de coopération (Gabon et Sénégal) est confirmée.
Instrument clé de la stabilisation et de l’anticipation des crises, ce réseau de points d’appui concourt directement à
la mise en œuvre de la fonction « intervention » et autorise une meilleure réactivité en cas de crise. Il facilite
notamment la bascule d’effort d’une zone à l’autre et permet de bâtir, dès le temps de paix, des partenariats élargis
avec les Etats hôtes ou avec les pays de la région. Leurs effectifs sont renforcés de manière ciblée (jusqu’à
300 effectifs supplémentaires notamment au profit des soutiens) et la rénovation des infrastructures d’accueil est
prévue. Les capacités à former et entraîner sur place des militaires de nations partenaires et alliées (passage de
20 000 à 30 000 stagiaires formés par an) sont accrues.
Après l’accord des nations hôtes, la possibilité est ouverte aux Etats européens qui le souhaitent d’y stationner
des unités, afin d’améliorer la capacité globale de prévention à partir de ces bases. A long terme, cette évolution
permet d’accompagner le renforcement de la sécurité du continent africain, d’accroître la réactivité des armées
ainsi que notre influence dans le monde.
En outre, la prévention s’appuie sur les déploiements navals ou des manœuvres aériennes, ponctuels ou
récurrents, mobilisant des moyens des trois armées et des forces spéciales. Ainsi, les forces françaises sont en
mesure d’assurer dans la durée deux à trois déploiements maritimes. Elles contribueront à développer des
coopérations régionales, à accroître notre connaissance des espaces concernés et à marquer la présence de la
France. Ces déploiements pourront concerner tous types d’unités (bâtiments de projection et de commandement
– BPC, sous-marins nucléaires d’attaque – SNA, frégates, patrouilleurs, avions de chasse, de surveillance et
d’intervention ou de patrouille maritime, systèmes de détection et de contrôle aéroportés AWACS, hélicoptères,
forces spéciales...). De même, au-delà de leur mission de protection, les forces de souveraineté contribuent à la
prévention des crises par les partenariats régionaux dans lesquels elles s’inscrivent.
Enfin, au titre du renforcement de la fonction « prévention », les armées continueront à assurer des déploiements
de circonstance, notamment dans le cadre des mesures de la posture de défense et de dissuasion de l’OTAN, afin de
marquer notre solidarité avec nos alliés dans le respect de nos engagements internationaux. Notre participation au
dispositif de présence avancée renforcée sera ainsi pérennisée (Enhanced Forward Presence, Air Baltic,
déploiements navals en mer Baltique, en mer Méditerranée et en mer Noire, police du ciel européen).
2.1.2. Une consolidation des fonctions « dissuasion », « intervention » et « protection »
2.1.2.1. La dissuasion
La loi de programmation militaire prévoit les moyens nécessaires au maintien sur le long terme de la dissuasion
nucléaire, conformément aux orientations du Président de la République, telles que rappelées dans la préface de la
Revue stratégique. Clé de voûte de la stratégie de défense, la dissuasion nucléaire, strictement défensive et
suffisante, demeure au cœur de la protection et de l’indépendance de la Nation. Elle permet à la France de préserver
ses intérêts vitaux contre toute agression d’origine étatique, d’où qu’elle vienne et quelle qu’en soit la forme. Elle
contribue de facto à la sécurité de l’Alliance atlantique et à celle de l’Europe.
La posture permanente de dissuasion s’appuie sur deux composantes, océanique et aéroportée, indissociables,
qui sont soutenues par un ensemble de capacités conventionnelles renforcées. Leur complémentarité offre au
Président de la République une gamme élargie d’options stratégiques. Leurs performances, leur adaptabilité et leurs
caractéristiques maintiennent un système strictement suffisant, qui restera crédible à long terme grâce notamment
aux capacités de simulation assurant la fiabilité et la sûreté des armes nucléaires.
La modernisation des deux composantes garantit notre capacité à répondre à l’évolution du contexte stratégique
et à l’émergence de nouvelles menaces. Les effets de cette modernisation se répercutent sur les autres fonctions
stratégiques, les principes de dualité et de mutualisation continuant à guider les stratégies d’acquisition et d’emploi.
2.1.2.2. La protection
La fonction « protection » a pour objet de garantir l’intégrité du territoire et d’assurer aux Français une
protection efficace contre l’ensemble des menaces, physiques comme immatérielles, soulignées par la Revue
stratégique. En métropole et outre-mer, les armées assurent en permanence la sûreté du territoire, de l’espace aérien
et des approches maritimes.
La fonction « protection » s’articule autour des postures permanentes de sûreté aérienne et de sauvegarde
maritime et intègre la posture de protection terrestre, mise en place à la suite des attentats de 2015 et 2016. La
fonction « protection » est ainsi consolidée, en particulier concernant l’action des armées sur le territoire national.
La posture de protection terrestre est pérennisée dans sa nouvelle forme (jusqu’à 10 000 militaires en trois échelons
et pendant un mois), organisant ainsi les conditions d’une contribution durable des armées à la défense et à la
sécurité de notre territoire, face à la menace terroriste d’inspiration jihadiste.

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