14 juillet 2018
JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
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confrontation stratégique, en particulier en matière de cyberdéfense, développer notre capacité d’innovation et
entretenir une ambition industrielle et technologique élevée.
L’autonomie stratégique qui est au cœur de l’Ambition 2030 est indissociable de la construction d’une
autonomie stratégique européenne. Dans le contexte actuel, la prise de conscience d’intérêts de sécurité partagés
progresse en Europe, tout comme l’ambition de disposer de moyens d’action plus autonomes. Cet effort nécessite
de renouveler notre approche des coopérations européennes, afin de donner un nouvel élan à des partenariats de
défense équilibrés, contribuant à la maîtrise des capacités nécessaires à des interventions sur tout le spectre des
engagements.
L’ensemble des priorités ainsi définies doit permettre à la France de disposer des capacités et des aptitudes à
haute valeur ajoutée, susceptibles de fédérer, dans le cadre d’une coopération ou d’une coalition, les capacités
militaires mises à disposition par nos partenaires et alliés, notamment européens. Forte de capacités nouvelles et
discriminantes, la France entend agir avec détermination pour soutenir et fédérer les volontés de ceux qui veulent
s’engager et qui disposent de capacités militaires complémentaires. Les opérations menées en commun doivent
permettre de créer ou de renforcer des solidarités de fait, qui reposent sur une prise en compte par chacun des
priorités de sécurité respectives des partenaires.
En particulier, ces capacités opérationnelles contribueront à la consolidation et au développement d’une culture
stratégique commune, au sein d’une Europe de la défense plus forte. Afin de faciliter nos engagements conjoints en
opération, la France soutiendra le développement de coopérations opérationnelles pragmatiques et maîtrisées, qui
permettront de dynamiser la relation avec nos partenaires les plus capables militairement et de renforcer notre
interopérabilité dans l’ensemble des scénarios d’engagement de nos forces.
Cet effort nécessitera en complément une stratégie proactive de développement de coopérations technologiques
et industrielles à la fois bilatérales et européennes, au travers d’un degré de dépendance mutuelle consentie adaptée
aux technologies concernées.
1.2.4. La régénération du capital opérationnel et la préparation de l’avenir
Dans le cadre de cette Ambition 2030, définissant des capacités fondamentales et de priorités opérationnelles
pour les années à venir, les armées devront disposer de moyens humains et matériels leur permettant de remplir
leurs missions de manière soutenable, dans la durée.
Il s’agit d’abord d’un impératif immédiat visant à régénérer le capital opérationnel des armées, soumis à une
usure accélérée découlant de l’emploi des parcs de matériels déjà anciens et de l’intensité des engagements récents
des forces au-delà des contrats opérationnels définis dans le Livre Blanc de 2013.
Il s’agit aussi de préparer l’avenir, d’être capable de faire face aux défis futurs, en disposant des matériels et des
technologies, ainsi que des compétences indispensables pour garantir, sur le long terme, la supériorité
opérationnelle des armées françaises.
1.2.5. Une Ambition déclinée en axes prioritaires dans la loi de programmation militaire 2019-2025
Pour réaliser l’Ambition 2030, la loi de programmation militaire 2019-2025 initie la construction d’un modèle
d’armée dont l’équilibre repose sur quatre axes complémentaires.
Les deux premiers axes visent à redonner dès à présent aux armées les moyens de remplir durablement leurs
missions.
Il s’agira, en premier lieu, d’améliorer les conditions d’exercice du métier militaire. Parallèlement, une attention
particulière sera portée au « quotidien du soldat », c’est-à-dire aux conditions de vie et de travail du personnel
militaire comme civil, et de leurs familles. Enfin, des effectifs supplémentaires sont prévus pour répondre aux
besoins nouveaux et prioritaires. Cet axe contribue à l’objectif de disposer d’un modèle d’armée complet,
soutenable dans la durée.
Il conviendra, en second lieu de renouveler les capacités opérationnelles des armées, à travers deux actions
complémentaires l’une de l’autre, à savoir réduire les impasses capacitaires consenties par la précédente LPM et
moderniser les équipements des armées de manière accélérée. Ce renouvellement permet de répondre aux besoins
opérationnels immédiats et de faire face aux engagements futurs.
Les deux derniers axes permettent de préparer l’avenir et faire face à l’évolution du contexte géostratégique et
des menaces.
D’une part, les cinq fonctions stratégiques couvrant la mise en œuvre de la stratégie de défense et de sécurité
gardent toute leur pertinence, mais seront rééquilibrées en renforçant en particulier les capacités de « connaissance
et d’anticipation » et de « prévention », afin d’assurer la complémentarité entre autonomie stratégique nationale et
européenne. Ce rééquilibrage permet davantage de souplesse et d’agilité dans l’emploi des forces, ainsi capables
d’agir en amont comme en aval des crises, y compris dans les nouveaux espaces de confrontation, et favorise la
capacité de la France à jouer un rôle moteur et fédérateur dans la consolidation d’une défense en Europe, au travers
d’une stratégie proactive et pragmatique de coopération avec nos partenaires européens.
D’autre part, l’innovation tiendra une place centrale dans la préservation de la supériorité opérationnelle des
armées à long terme, au moyen d’équipements tirant pleinement avantage de la révolution numérique ou des
technologies de rupture, désormais plus fréquemment issues des développements du secteur civil, dans des temps
de plus en plus courts. Cette innovation permettra aux armées de disposer des équipements adaptés aux menaces
futures. Elle sera également au cœur de la transformation d’un ministère plus performant.