La recherche du juste équilibre entre les exigences du secret et
celle de la transparence n’est jamais évidente. Aucune
hiérarchie n’est donnée, par la loi, entre les différents critères.
On aurait pu redouter que l’on aboutisse systématiquement à
de réels conflits d’intérêts opposés, et que la philosophie de la
transparence, puissamment relayée par les médias, puisse
conduire à sous estimer les nécessités de préservation des intérêts fondamentaux de la Nation, car dans certains milieux,
l’opinion dominante reste que le secret, qu’il soit ou non juridiquement assujetti au secret de la défense nationale, est inacceptable, et moralement condamnable. Ceux qui font obstacle
à la transparence absolue deviennent donc suspects de favoriser des intérêts particuliers, voire des factions politiques. Ce
sont des personnes à ne pas fréquenter mais à combattre.
À la pointe de ce combat, certains journalistes n’en sont pas
moins intransigeants sur le secret de leurs propres sources d’information. Nul ne songe à contester ce qui constitue l’un des
fondements de la liberté d’information. Le paradoxe mérite
néanmoins d’être relevé.
Dans la magistrature judiciaire existe de même un courant
hostile au « secret-défense », qui s’alimente aux mêmes sources morales et qui, par surcroît, reflète la volonté de quelques
magistrats, heureusement peu nombreux, de plier la loi à leurs
exigences plutôt que l’inverse.
La CCSDN en a vécu quelques exemples concrets, ce qui lui a
permis de constater, avec un peu d’amertume, l’extrême
prudence avec laquelle le pouvoir exécutif s’employait alors à
tenter de contenir des débordements qu’il ne veut pas
combattre de front.
Ces dérives sont cependant plus inquiétantes par leur violence
que par leur nombre et l’attitude de la magistrature administrative est différente.
En sens inverse, l’administration manifeste un culte du secret
parfois excessif, à la limite de la caricature. L’industrie, quant à

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