Face aux menaces et enjeux de sécurité, le pacte de protection et de
sécurité des Français a besoin d’être reformulé. Cette transformation passe
par une révision des missions et surtout de la manière de les exercer par
les forces de sécurité intérieure qui devront pouvoir s’appuyer sur une
organisation adaptée et réactive. Cette évolution nécessitera d’engager
une mutation des ressources et des moyens des hommes et des femmes
qui travaillent tous les jours au ministère de l’Intérieur.

1. Renforcer la relation de confiance avec la population
Le gage de réussite de cette démarche profonde et très largement partagée
par les acteurs de terrain ainsi que les instances représentatives associées
aux travaux du Livre blanc suppose la prise en compte d’un prérequis
fondamental : renforcer la relation de confiance avec la population.
L’analyse des attentes de la population, au travers de la concertation
large et ouverte organisée pendant les travaux du Livre blanc, démontre
cet attachement au contact direct, simple avec les forces de sécurité et
même davantage, le souhait des Français d’être acteurs de la sécurité, de
devenir un maillon de la chaîne globale de sécurité. A certains égards, ce
rôle revendiqué de la part des Français répond à l’appel du président de la
République parlant de « bâtir une société de vigilance » lors de son discours,
le 8 octobre 2019, en hommage aux victimes de l’attaque terroriste de la
préfecture de police, à Paris.
Les forces de sécurité et l’ensemble des acteurs institutionnels ne peuvent
penser leur mission de sécurité sans tenir compte de l’intégration des
citoyens au continuum, qui sont non seulement les demandeurs et les
bénéficiaires de la politique nationale de sécurité intérieure, mais aussi des
acteurs essentiels de sa mise en œuvre.
Le Livre blanc postule que les citoyens tiennent un rôle premier dans le
domaine de la sécurité intérieure. En effet, les citoyens présents lors d’un
incident de sécurité sont souvent les premiers à pouvoir réagir et agir, non
seulement pour se protéger, mais aussi pour faire face. Les citoyens sont
également souvent les mieux placés pour détecter les menaces et donner
l’alerte aux forces de sécurité. Outre-mer, les autorités coutumières ou
autres représentations morales jouent un rôle d’interface utile entre la
population et les autorités publiques, notamment dans l’esprit de la police
de sécurité du quotidien. Leur reconnaissance et leur implication facilitent
grandement les contacts et les échanges d’informations, qui pourraient
parfois être compliqués par des traditions, des langues et des spécificités
locales. Elles ont ainsi toute leur place dans le continuum de sécurité.
Par ailleurs, face aux menaces relevant de la sécurité intérieure, les citoyens
s’organisent spontanément et les initiatives de participation citoyenne ou
associative sont une réponse de la société civile aux enjeux de sécurité.
Enfin, l’engagement des citoyens est le moteur principal de toutes les
organisations professionnelles de la sécurité intérieure. Le plus souvent,
c’est bien davantage une volonté d’engagement des citoyens au service
de l’intérêt général qui motive les carrières dans la force publique que des
considérations financières ou matérielles.

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