Livre blanc de la sécurité intérieure
avoir à rebâtir une nouvelle cathédrale numérique à chaque évolution. Le
découpage en lots distincts des marchés publics traduit cette ambition.
L’imbrication des missions exige une bien plus grande interopérabilité entre
les systèmes que celle déployée par le passé. Les nouvelles infrastructures et
architectures numériques le permettent plus aisément. Il faut absolument
s’en saisir afin de mettre le point de vue de l’usager au cœur de la conception
des services. Une meilleure circulation de l’information supprimerait les
charges de saisies multiples (principe : « Dites-le nous une seule fois ») qui
sont autant d’occasions d’introduction d’erreurs de frappe.
Les fonctionnalités des systèmes à produire, ainsi que les données qui les
alimentent, ne sont pas les seuls domaines touchés par les bouleversements
numériques. Les méthodes de conduite de projet et de développement
informatique ont considérablement évolué, tout comme les infrastructures
associées.
Ainsi, le ministère s’est doté d’infrastructures en nuage, qui permettent
à différents opérateurs de proposer de nouvelles méthodes de
développement et d’exploitation des systèmes d’information. Ces
infrastructures sont ouvertes à d’autres opérateurs publics situés en dehors
du ministère.
La volonté d’améliorer le taux de succès et l’interactivité des projets
informatiques a engendré des méthodologies nouvelles de conduite de
projets. Agiles, elles apportent plus de souplesse, tout en imposant aux
experts métiers de prioriser les fonctionnalités à développer en fonction
de leur valeur ajoutée pour les utilisateurs finaux. Elles cherchent à éviter les
longs «effet tunnel» des cycles de développement classiques. Le concept
de «DevOps» correspond à la capacité de l’équipe projet de regrouper tous
les métiers du numérique qui étaient auparavant répartis entre plusieurs
entités. En découle une grande autonomie, une responsabilité accrue mais
aussi la transformation profonde des métiers du numérique et une nouvelle
répartition entre la réalisation et l’exploitation.
Le ministère a besoin de partager au travers de tous les acteurs du
numérique des méthodes et des outils pour largement développer les
pratiques agiles. Ceci lui permettra de conduire des projets avec un plus
faible taux d’échec tout en adaptant mieux ses réalisations aux attentes
des usagers et des agents. Le recours plus fréquent à des communautés et
des groupes utilisateurs doit lui aussi permettre une expression du besoin
plus précise et adaptée aux attentes des utilisateurs finaux.
Le ministère doit faire face à des crises dont l’enchaînement est inédit.
A ce titre, il doit pouvoir développer les outils qui lui sont nécessaires
avec une grande réactivité. Il importe que les contraintes réglementaires
s’alignent sur ce besoin, au moins dans l’organisation des actes à réaliser.
La déclinaison de la directive police-justice interroge donc notre modèle :
faut-il l’adapter différemment pour être plus agile, faut-il un cadre légal
rénové ou la présence d’autorités de contrôle indépendantes au sein des
forces pour arriver au principe de responsabilité qui prévaut pour le RGPD ?
Le développement numérique du ministère a besoin de retrouver des
marges de manœuvre budgétaire et RH pour aborder les enjeux de demain.
Ainsi, la part du budget consacré aux infrastructures ainsi que celle dédiée
au maintien en condition opérationnelle (MCO) grève près de 70 % du
budget alloué au numérique et une part importante du potentiel humain.
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