Livre blanc de la sécurité intérieure

et son réseau de correspondants par les différentes missions hybrides
qu’ils exercent, contribuent à alimenter un cercle vertueux entre police
administrative et police judiciaire l’un pouvant se nourrir de l’autre dans
le respect des règles de gestion de l’information en recueillant toutes les
autorisations nécessaires à leur exploitation. Cette capacité de rassembler
en un seul service autant de compétences variées est souvent décriée
par les opérateurs mais contribue à maintenir l’autorité de l’Etat dans un
domaine où s’exerce un commerce qui n’est pas ordinaire puisque prohibé
à la base par la loi 1836.
1.3.3. Cybersécurité, organiser une réponse globale et coordonnée face à une
menace croissante
L’outil numérique, en abolissant les traditionnelles barrières technologiques,
a modifié de manière intrinsèque la manière des individus et des organismes
d’appréhender la vie en société, mais il facilite aussi les trafics illicites et
les escroqueries. La cybercriminalité représente une menace nouvelle et
différente en pleine expansion, avec des modes opératoires de plus en plus
élaborés, dans un contexte de numérisation croissante des sphères publique
et privée. En 2019, près de 80% des entreprises françaises déclaraient avoir
fait l’objet d’une cyberattaque dans l’année. Les cybermenaces sont au
cœur des préoccupations des Français dont le nombre de victimes ne fait
que croître d’année en année, qu’il s’agisse d’escroqueries sur Internet,
d’attaques contre les systèmes, d’atteintes aux mineurs, de messages de
haine, de propagande ou de désinformation. Mais les cybermenaces des
prochaines années toucheront un champ encore plus vaste, allant de la
sécurité routière et industrielle, à la sécurité des grands événements en
passant par la sécurité des données personnelles.
La lutte contre la cybercriminalité et plus globalement l’appréhension
de l’ensemble des cybermenaces, c’est à dire des atteintes à la sécurité
publique dans l’espace numérique, constitue une des priorités de l’Etat,
et tout particulièrement du ministère de l’Intérieur, qui s’est organisé
pour identifier et répondre au mieux à ces menaces, assurer la résilience
des systèmes et lutter contre ces nouvelles formes de criminalité qui
méconnaissent les frontières. La stratégie nationale de sécurité du
numérique d’octobre 2015 et la revue stratégique de cyberdéfense de
mars 2018 ont affirmé cette ambition au niveau interministériel.
La diversification, la massification et le rythme d’évolution des
cybermenaces imposent aujourd’hui une meilleure coordination au
sein même du ministère de l’Intérieur pour améliorer le service rendu
à la population. Ils nécessitent, de plus, une plus forte synergie entre la
prévention, la protection, l’innovation et l’approche répressive dont le
cloisonnement est de nature à nuire à une efficacité optimale.
La compétence concurrente du parquet de Paris en matière d’atteintes
aux systèmes de traitement automatisé de données, la forte dissémination
des infractions connexes, en métropole et dans les Outre-mer, requièrent
également une meilleure coordination entre les échelons centraux et
territoriaux.
Enfin, face à la multiplication des cyberattaques d’ampleur internationale,
le ministère doit se doter d’une capacité de gestion de crise, afin, d’une
part, d’assurer la continuité de ses services, et, d’autre part, d’apporter une
réponse rapide et adaptée aux populations et aux entreprises victimes.
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