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À sa création en 2014, le SCRT est un service de renseignement d’ordre
public. Mais dès 2015, lui sont rajoutées de nouvelles missions en matière de lutte
anti-terroriste, de suivi de l’Islam de France et des phénomènes de radicalisation.
La proportion des notes produites par le SCRT relatives à des questions d’ordre
public reste d’environ 80 %.
Le SCRT remplit également deux missions annexes mais néanmoins
particulièrement chronophages : les enquêtes administratives d’une part, et la
participation à la sécurisation des déplacements officiels des membres du
Gouvernement d’autre part.
À plusieurs reprises, le renseignement territorial a été pointé du doigt pour
son manque d’anticipation. Sans pour autant que cette mise en cause ne soit
forcément toujours étayée de façon objective.
Il est en ainsi des scènes de guérilla urbaine liées à la communauté
tchétchène qui se sont déroulées dans un quartier de Dijon les 13 et 14 juin 2020,
avec des tirs à l’arme lourde et de nombreux véhicules incendiés. Pourtant, dès les
12 juin 2020, le service du renseignement territorial du département de l’Aube
produisait une note intitulée : « Tchétchènes : appel à expédition punitive à Dijon »
après l’interception la veille, sur le réseau Snapchat, d’un message rédigé par un
membre de la communauté tchétchène résidant dans la banlieue de Troyes et lançant
un appel au rassemblement « pour les frères de Dijon et des alentours ». La
préparation d’une action violente était détectée, et sa dangerosité correctement
évaluée. En revanche, le renseignement territorial envisageait une action de la
communauté tchétchène plus tardive alors qu’à l’évidence, les choses se sont
précipitées. L’ensemble de la chaîne police a bien rendu compte au préfet concerné
qui a décidé du dispositif de maintien de l’ordre à déployer. Pour le renseignement
territorial, il apparaît toutefois qu’au-delà de la détection, il s’agit aussi de travailler
sur l’exploitation des informations recueillies.
Quelques mois plus tard, lors de l’attentat commis contre Samuel Paty le
16 octobre 2020, le renseignement territorial est à nouveau mis en cause au vu du
faisceau d’indices qui, a posteriori, aurait dû alerter les services de renseignement.
Mais là encore, la situation est plus complexe. Le maire de Conflans-Saint-Honorine
avait été alerté dès le 9 octobre par la Principale du collège des tensions observées
dans l’établissement et de la menace qui pesait sur l’enseignant. L’édile a alors fait
remonter cette crainte auprès du renseignement territorial qui, à son tour, a fait
remonter aux autorités préfectorales le 12 octobre par une note évoquant « un
incident en lien avec les principes de laïcité » et concluant, en dépit de la diffusion
des vidéos qui ont animé les réseaux sociaux, sur « aucune tension palpable
majeure » et sur le fait que « la communication entre la direction et les familles
avait permis d’apaiser les tensions ». On sait a posteriori qu’il en a été
différemment.