— 11 —
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
L’année 2018, comme les précédentes, est restée marquée en France par la
permanence d’une menace terroriste qui, tout en évoluant, est demeurée à un
niveau élevé. Trois attentats ont encore endeuillé notre pays en 2018 à Trèbes, à
Paris et à Strasbourg. Les attaques terroristes de ces dernières années ont placé la
communauté du renseignement sous le feu des projecteurs et d’une opinion
publique autant reconnaissante qu’exigeante au regard de ce qu’implique, dans
une société démocratique, une surveillance renforcée. Les révélations de l’affaire
Snowden, le succès populaire de la série télévisée « le Bureau des légendes » ou
encore le retentissement médiatique consécutif à l’empoisonnement d’un
ex-espion russe, ont mis sur la place publique des sujets et des débats longtemps
réservés à un cercle d’initiés.
Chargée de contrôler l’action du Gouvernement en matière de
renseignement et d’évaluer la politique publique en ce domaine, la Délégation
parlementaire au renseignement exerce ses missions dans un contexte bien
différent de celui qui prévalait lors de sa création. Une décennie s’est écoulée et
pour son dixième anniversaire, la DPR a pris l’initiative d’un colloque qui s’est
tenu le 22 novembre 2018 à l’Hôtel de Lassay, autour des présidents de
l’Assemblée nationale et du Sénat, des parlementaires et des principaux
responsables de la communauté du renseignement, sur le thème : « Dix ans de
contrôle parlementaire du renseignement : l’exigence démocratique est-elle
satisfaite ? ».
Ce colloque a mis en évidence le chemin parcouru depuis dix ans pour
construire entre les Services et la DPR une relation de confiance et une meilleure
connaissance mutuelle qui n’excluent en rien le contrôle ; mais il a aussi souligné
le chemin qui peut encore être parcouru pour affirmer davantage le rôle du
Parlement en écho à la montée en puissance du renseignement dans la société
française.
En quelques années, nos services de renseignement et de sécurité ont
connu des évolutions majeures. Le renseignement pénitentiaire, quasiment
inexistant il y a encore peu, est appelé à occuper une place de plus en plus
importante avec le retour de djihadistes sur le territoire national et la sortie de
prison de détenus radicalisés. La révolution numérique bouleverse les modalités
d’action des services confrontés au défi du ciblage des données, aux cyberattaques
et aux promesses de l’intelligence artificielle. Ces transformations font évoluer les
métiers du renseignement, de plus en plus divers et de moins en moins cloisonnés.
Ceci n’est pas sans soulever d’importants enjeux en termes d’adaptation et de
modernisation des politiques ayant trait aux ressources humaines. Enfin, la
décennie qui s’achève restera marquée par une ouverture européenne et