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connexions plus stables et moins énergivores ainsi qu’une sécurité des
communications renforcées.
b. Une technologie remettant en cause l’usage des IMSI-catchers
Si la 5G présente de nombreux avantages pour ses utilisateurs, elle
constitue un défi pour les services de renseignement, comme d’ailleurs pour les
forces de l’ordre.
Lors de leurs auditions, les responsables des différents services de
renseignement n’ont pas manqué d’alerter les membres de la mission
d’information sur le fait que le développement de la 5G pourrait compliquer, voire
rendre impossibles, les actuels repérages de communications, écoutes et
localisations. Le déploiement de la 5G va avoir trois conséquences.
Tout d’abord, il va rendre complexes voire impossibles le recueil de
données de connexion et donc l’identification et la localisation d’appareils
mobiles. Le chiffrement empêchera la lecture de l’IMSI (International Mobile
Subscriber Identity), c’est-à-dire du numéro de code unique qui permet à un
réseau de téléphonie mobile d’identifier un usager lors de chaque appel. Ce code
se trouve stocké sur la carte SIM de l’appareil – la puce qui enregistre les données
pour l’abonné – et est inconnu de l’utilisateur de cet appareil. Avec la 5G, les
identifiants numériques échangés entre les terminaux et les antennes du réseau
mobile changeront à des fréquences élevées. Si l’on ne peut pas établir de lien
entre les identifiants éphémères et les identifiants pérennes, l’exploitation des
données recueillies sera pratiquement impossible. La 5G va ainsi « réduire à
néant » ce qu’Europol décrit comme le plus important des outils opérationnels et
tactiques d’investigation (1).
La 5G va également rendre difficile l’analyse des données captées : le
chiffrement de bout en bout de l’ensemble du trafic sur le réseau 5G compliquera
les opérations de criminalistique (2) informatique en ralentissant le travail
d’enquête puisqu’il rendra nécessaire le déchiffrement ou décryptage des données.
Enfin, la technologie du réseau par tranches va répartir l’ensemble des
communications sur l’ensemble des réseaux virtuels. Chaque réseau virtuel étant
géré par une société différente, cela va contraindre à collaborer avec plusieurs
prestataires de services, parfois à l’international, afin de pouvoir récupérer auprès
de chacun d’eux des fragments de l’information recherchée. Avec la norme MEC
les objets seront capables de communiquer directement entre eux sans transiter par
le réseau d’un opérateur téléphonique, rendant l’information recherchée
potentiellement inaccessible pour les forces de l’ordre.
(1) Propos rapportés par Jean-Pierre Stroobants in Le Monde du 12 juin 2019, « La 5G provoque un vent de
panique au sein des services de sécurité européens ».
(2) La criminalistique consiste en l'ensemble des techniques mises en œuvre par la justice, la police et la
gendarmerie pour établir la preuve d'un délit ou d'un crime et en identifier son auteur.