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jouissent bien sûr d’un certain prestige mais certains d’entre eux peuvent avoir du
mal à fidéliser leurs agents. Il faut donc que les services fassent un effort de
formation et qu’ils se dotent d’outils en la matière.
Il n’en reste pas moins que le traitement du big data nécessite le recours
à des outils d’intelligence artificielle. Comme l’a expliqué le général Ferlet le
8 mars 2018 dans les circonstances précitées, « il ne saurait être question de faire
face [à la croissance exponentielle de la masse de données à exploiter] en se
contentant de demander des moyens supplémentaires en exploitants ou en
analystes. » Le général a insisté sur la nécessité de « trouver des solutions plus
innovantes, à base d’outils d’intelligence artificielle. (…) Il ne sert à rien, a-t-il
affirmé, de collecter toujours plus de données et de renseignements si nous
n’arrivons pas à les exploiter en tirant de nos bases de données les informations
pertinentes au moment utile. »
Cette préoccupation est largement partagée par les directeurs des autres
services et administrations interrogés par la mission.
b. Une multiplicité d’usages possibles
Comme l’a souligné le coordonnateur ministériel en matière d’intelligence
artificielle du ministère de l’intérieur (1), M. Renaud Vedel, lors de son audition
par la mission d’information, l’intelligence artificielle recouvre de nombreux
domaines techniques intéressant les services de renseignement : le traitement de
l’image, de la parole, du texte mais aussi d’autres types de données plus
hétérogènes. L’IA doit permettre aux agents des services d’avoir un meilleur accès
à l’information, de développer la traduction et la transcription automatiques, de
détecter une langue ou de reconnaître un locuteur, d’extraire des informations
telles que des entités nommées, d’accélérer le traitement de la vidéo par
élimination ou sélection de scènes sur requête sémantique, de détecter des
schémas de communication ou encore de masquer des passages, extraits ou parties
de documents à des fins de protection de la vie privée.
Il importe en effet de souligner que l’intelligence artificielle est un moyen
de discerner et non pas de faire plus de surveillance ni de décupler les capacités
d’intervention des services dans la vie privée des individus. L’intelligence
artificielle n’est pas un outil de surveillance des personnes mais elle favorisera la
productivité des services de renseignement.
2. L’apprentissage de l’intelligence artificielle suppose une adaptation du
cadre juridique applicable à la conservation des données nécessaires à la
recherche-développement
Comme l’a rappelé le coordonnateur ministériel précité lors de son
audition par la mission d’information, « les ministères régaliens ont besoin d’un
(1) Entre-temps devenu le coordonnateur de la Stratégie nationale pour l’intelligence artificielle, rattaché à la
direction générale des entreprises du ministère de l’économie et des finances.