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I. L’ÉVOLUTION DE LA MENACE
La délégation a cherché à se tenir constamment informée de la situation des otages
français retenus au Sahel ainsi que de celle de l’agent retenu en Somalie jusqu’à l’opération
tentée pour le libérer. Face à la multiplication des prises d’otages de nos ressortissants, la
délégation exprime sa préoccupation concernant la sécurité des 15 000 Français se trouvant
en « zone rouge » au Sahel.
Par ailleurs, les suites de la révolution libyenne se sont notamment traduites par
un accroissement des menaces dans la zone sahélienne. En premier lieu, a été constatée
une prolifération des armes dans la zone. En second lieu, certains groupes terroristes ont été
renforcés par cet apport d’armes ainsi que par des renforts issus en particulier de Libye.
Enfin, les frontières sont encore plus poreuses que par le passé, ce qui favorise la circulation
de ces groupes.
La délégation note également que, bien qu’affaiblis par les incursions militaires du
Kenya et de l’Éthiopie et par la présence de la mission de l’Union africaine en Somalie
(AMISOM), les Shebab représentent toujours une menace pour les ressortissants et les
intérêts français en Afrique de l’Est. Il en va de même au Nigéria avec l’organisation Boko
Haram.
La délégation a été informée de la montée de la menace des groupes terroristes au
Sahel tout au long de l’année 2012, ainsi que celle du crime organisé (en particulier les
trafics d’armes et de stupéfiants) souvent pratiqué par ces mêmes groupes.
Outre le Sahel et la Corne de l’Afrique, la délégation est également préoccupée par
l’évolution de la situation en Syrie et ses conséquences dans la région, ainsi que par la
situation en Afghanistan.
Le risque terroriste résultant pour les ressortissants et les intérêts français de ces
évolutions est resté très élevé tout au long de l’année 2012, y compris sur le territoire
national. La délégation a donc tenu à s’assurer de la vigilance et de la mobilisation
constantes des services.
La délégation est enfin préoccupée par la progression constante de la menace
« cyber », qui s’est plusieurs fois concrétisée en 2012 sous la forme d’attaques
informatiques contre des administrations et des entreprises françaises.
Devant l’ensemble de ces menaces, la délégation estime qu’il est nécessaire de
conserver une approche équilibrée en ne négligeant aucun aspect au profit d’un autre.
Ainsi, les attaques contre les systèmes d’information et de communication, l’espionnage
économique, la criminalité organisée, les phénomènes de radicalisation constituent
d’ores-et-déjà des menaces tout aussi importantes pour la France que le terrorisme. Il est
indispensable de ne pas laisser se former d’« angle mort » dans l’appréciation de ces
menaces, ce qui suppose un constant réajustement des moyens humains et techniques des
services.