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Préfecture de police (prédécesseurs de la DRPP) n’ont jamais véritablement
accepté cette tutelle et ont toujours privilégié une relation directe avec le préfet de
police. La réforme de la police nationale de 1966 n’aura guère concerné la région
parisienne : elle privera uniquement les RGPP de leur compétence en matière de
contre-espionnage qui relèvera désormais de la seule DST. À ce titre, les RGPP
ont toujours souhaité entretenir des liens étroits avec le service de
contre-espionnage, notamment en matière d’antiterrorisme (deux directeurs des
RGPP provenaient même de la DST). Ce faisceau d’éléments conduit un ancien
responsable de ce service à conclure : « Nous nous sentions plus proche de la DST
que de notre direction centrale » (1).
Aussi, lors de la centralisation des activités de contre-terrorisme et contresubversion au sein de la DCRI en 2008, a-t-il été envisagé de transférer sous
l’autorité de la nouvelle direction centrale les fonctionnaires affectés au suivi des
mouvements subversifs, de l’Islam radical et des communautés étrangères. Mais le
Préfet de police de l’époque et son directeur des RGPP s’y sont fermement
opposés au motif que ces thématiques avaient un impact sur les questions d’ordre
public. Selon eux, le statut exorbitant des RGPP et, au-delà, de la « PP » ellemême, était justifié par la spécificité de Paris, capitale qui concentre les sièges des
institutions, des représentations diplomatiques, qui accueille 5 000 manifestations
par an et se distingue par l’existence d’un réseau de transports extraordinairement
dense.
Acquise à ce plaidoyer, la ministre de l’Intérieur avait écarté l’idée d’une
absorption dès septembre 2007 : « Pour la capitale, une réflexion particulière sera
à mener pour la direction des renseignements généraux de la préfecture de police
(RG-PP), qui conservera un statut particulier, tout en garantissant la
centralisation nationale du renseignement de sécurité intérieure » (2). Sous son
égide, la DRPP est devenue un service indépendant aux seuls ordres du Préfet de
police. Le changement suscite le commentaire suivant de la part d’un responsable
policier : « les RGPP n’ont accepté qu’une seule chose : changer de sigle » (3).
L’assertion mérite d’être quelque peu pondérée : alors que les RGPP
étendaient leur sphère de compétences sur Paris, la petite et la grande couronne (4),
la DRPP s’est dans un premier temps trouvée cantonnée à la seule ville de Paris.
Puis, en même temps que le grand Paris de la sécurité a vu le jour le 1er octobre
2009, la DRPP a recouvré ses prérogatives sur la petite couronne. Dans
l’intervalle, la DCRI avait créé des implantations dans les départements de la
petite couronne qu’elle a maintenues malgré l’arrivée de la DRPP et ses
compétences de renseignement intérieur. Le schéma rationnel à l’origine de la
création de la DCRI a donc perdu de sa cohérence en région parisienne. D’ailleurs,
(1) Propos tenus par une personne entendue par la mission.
(2) Michèle Alliot-Marie, « La réorganisation des services de renseignement », op. cit.
(3) Propos tenus par une personne entendue par la mission.
(4) Constituent la petite couronne, les départements des Hauts-de-Seine (92), de la Seine-Saint-Denis (93) et du
Val-de-Marne (94) ; la grande couronne, se compose des départements de la Seine-et-Marne (77), des
Yvelines (78), de l’Essonne (91) et du Val-d’Oise (95).

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