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considérable (1). Par ailleurs, l’affaire Merah de mars 2012 a singulièrement terni
l’image d’une structure dans laquelle d’aucuns ont bien abusivement voulu voir, à
l’origine, un « FBI à la française » (2).
1. Tirer les leçons des « ratés » de la DCRI

Les maux dont souffre la DCRI sont évidemment liés aux conditions
brutales et précipitées dans lesquelles elle a vu le jour. Malgré l’absence de
toute carence ou dysfonctionnement structurel clairement identifié,
Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur, annonça officiellement le
13 septembre 2007 la réforme des services de renseignement afin de « doter la
France d’un outil fiable et efficace ». Dix ans auparavant, pourtant, dans un
entretien au Monde, le 9 avril 1997, Claude Guéant alors DGPN, interrogé sur la
fusion des deux services de sécurité intérieure, RG et DST jugeait « le monopole
du renseignement » comme « dangereux pour les libertés publiques » en raison de
la « concentration excessive qu’il engendrerait en la matière »… Reste que le
1er juillet 2008, sans que le Parlement n’eût jamais été associé à son processus de
création, l’instrument était institué.
Depuis, loin de la sérénité indispensable au bon fonctionnement d’une
telle instance, sous la pression constante des événements et des médias, la DCRI
est l’objet de toutes les attentions ainsi que de toutes les critiques, comme en
témoigne la dénonciation des « erreurs, des failles et des fautes » (3) au moment de
l’affaire Merah. Il était donc dans l’ordre des choses que la mission se prononce
sur la structuration actuelle du service, sur les réformes qu’elle connaît et sur
celles qui lui paraissent souhaitables.
a) L’affaire Merah : le symptôme d’une faille
Sur le plan factuel, ce drame ne recèle probablement plus guère de zones
d’ombre : en premier lieu parce que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a
confié une mission d’inspection à Jérôme Leonnet et Guy Desprats dès le
30 juillet 2012, et qu’il a décidé de rendre public leur rapport le 19 octobre
dernier. En outre, il a pris soin de réserver la primeur de ce document au
Parlement afin de souligner le rôle éminent qu’il entend confier à ce dernier. Ces
deux décisions méritent d’être saluées en raison de leur portée hautement
symbolique.
Enfin, le secret de l’instruction n’ayant – hélas – plus guère de secret que
le nom, les différents médias n’ont pas hésité à publier les nombreux documents
auxquels ils ont eu accès, générant ainsi un nombre incalculable d’articles, de
reportages ou de débats.

(1) Voir, à ce sujet, le livre de Didier Hassoux, Olivia Recasens et Christophe Labbé, L’espion du Président :
au cœur de la police politique de Sarkozy, Paris, Robert Laffont, 2012, 283 p.
(2) Jean-Marc Leclerc, Christophe Cornevin, Le Figaro, 26 juin 2008.
(3) Manuel Valls, 2 mars 2013.

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