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CHAPITRE VII. LE MONDE APRÈS LES RÉVÉLATIONS D’EDWARD
SNOWDEN
Informaticien, ancien contractuel de la CIA et de la NSA126 passé chez
Booz Allen Hamilton (un sous-traitant des services de renseignement américains),
Edward Snowden a ainsi eu accès à des informations confidentielles sur des
programmes développés par l’agence technique. À partir du mois de juin 2013, il a
décidé de rendre publics ces documents, plaçant au cœur d’un scandale d’envergure
mondiale la jusqu’alors très discrète NSA.
Créée par le président Truman en novembre 1952 par le biais d’une
directive secrète, la NSA est un service de renseignement militaire qui n’a acquis
une existence publique que cinq années après sa fondation. L’agence compte
aujourd’hui près de 35 000 employés (contre 8 700 lors de sa création) et dispose
d’un budget d’environ 10,8 milliards de dollars.
En vertu de l’Executive Order 12333 du 4 décembre 1981, son directeur a
notamment pour mission de recueillir, de traiter, d’analyser, de produire et de
diffuser, y compris par des moyens clandestins, des renseignements créés par des
signaux et systèmes électromagnétiques, tels que les systèmes de communication,
des radars, des satellites ou des systèmes d’armement (signals intelligence
SIGINT127) à des fins de foreign Intelligence. Ce dernier concept désigne, selon
l’EO 12333, toutes les informations relatives aux capacités, aux intentions et aux
activités de puissances, d’organisations ou de personnes étrangères. Enfin, elle se
préoccupe également de la sécurité des systèmes d’information (SSI).
Elle est sans conteste l’agence de renseignement technique la plus puissante
au monde, pratiquant une collecte de masse mais prenant également en charge les
opérations cybernétiques offensives et défensives.
L’émotion passée, que nous apprennent ces révélations ? Pour la DPR, cet
épisode vient d’abord valider quelques hypothèses.
La première concerne l’incroyable investissement des États-Unis dans
les moyens dédiés au renseignement technique. Les services américains se
saisissent donc de toutes les opportunités, leurs ingénieurs repoussent sans cesse les
limites connues, accumulent des savoirs et des pratiques inédites dans l’histoire
contemporaine. En sus, ils continuent à revisiter les techniques d’espionnage les
plus classiques et à les techniciser pour les rendre d’autant plus redoutables que les
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National Security Agency.
Le SIGINT correspond au renseignement d’origine électromagnétique (ROEM) en français.