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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

(1) Entre filières terroristes organisées et passages à l’acte individuels : le
« loup solitaire » existe-t-il vraiment ?

 Jusqu’en 2012, les parcours des Français partant rejoindre des
zones de combat aux côtés de terroristes islamistes présentaient un certain
nombre de similitudes. Leur recrutement et leur départ pour des zones
difficiles à rallier, comme l’Afghanistan ou le Mali, étaient organisés par des
filières professionnalisées, dont la principale était celle dite du
« Londonistan ». Sur place, les recrues étrangères suivaient le plus souvent
un enseignement religieux ainsi qu’un entraînement aux techniques
terroristes − sans engagement dans les combats proprement dits. Le
terrorisme des années 1980 (principalement lié à des groupes extrémistes
comme Action directe), la première vague d’attentats perpétrés dans les
années 1990 par des organisations radicales telles que le Groupe islamique
armé (GIA), ainsi que les attentats spectaculaires d’Al-Qaïda dans les années
2000 étaient ainsi conduits par des organisations fermées et structurées, qui,
le plus souvent, intervenaient sur le territoire occidental avant de regagner
leur zone de départ.
La crise syro-irakienne marque une évolution notable dans les
parcours des djihadistes français, qui n’ont plus nécessairement besoin du
secours de filières structurées pour rallier la zone de combats ou préparer
un attentat. Le départ ne requiert en effet qu’un financement minime, qui
peut être obtenu par des économies personnelles ou grâce à la souscription
d’un simple crédit à la consommation ; quant au séjour sur place, il est
organisé et financé par Daech. Le recrutement est très facilement et
rapidement organisé au travers d’Internet, et notamment des réseaux
sociaux. Des réseaux de taille très réduite, aussi nombreux que les petits
groupes d’aspirants djihadistes, facilitent les départs. Il s’agit en fait d’une
forme de « terrorisme en accès libre », d’autant que, depuis le
21 septembre 2014, Daech donne pour consigne officielle de riposter aux
frappes en Irak en tuant tout ressortissant des pays participant à la coalition
internationale : les passages à l’acte isolés, dans n’importe quel pays et en
dehors de toute affiliation particulière à un groupe terroriste, sont ainsi
encouragés.
La France semble confrontée à un phénomène nouveau, qui
représente un défi d’ampleur pour les services de renseignement comme
pour l’organisation judiciaire. Face à des organisations structurées, qui
échangent des informations relatives à la planification de leurs actions, ces
services peuvent en effet adopter une stratégie classique reposant sur la
surveillance des communications, l’identification et l’interception des
membres. La surveillance d’individus imprévisibles, qui peuvent décider du
jour au lendemain de passer à l’acte, est par nature bien plus aléatoire.
Au cours de l’année 2014, plusieurs passages à l’acte d’individus
isolés se revendiquant de leurs convictions religieuses ont pu laisser penser à
l’apparition de tels « loups solitaires » agissant en dehors de tout groupe

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