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FILIÈRES « DJIHADISTES » : POUR UNE RÉPONSE GLOBALE ET SANS FAIBLESSE

Mme Nathalie Goulet, présidente. – Il faudra pouvoir distinguer
ceux qui ont été adoptés.
M. Jean-Pierre Sueur, rapporteur. – Le tableau récapitulera le sort de
tous les amendements. En annexe figurera également une étude de législation
comparée sur le sujet. Enfin, chaque membre de notre commission est libre de
présenter une contribution, à condition de la déposer avant demain 11 heures.
Mme Esther Benbassa. – Pourrions-nous avoir une discussion avant
de passer à l’examen des amendements ?
Mme Nathalie Goulet, présidente. – Je n’y suis pas hostile, d’autant
que le compte rendu sera publié.
Mme Esther Benbassa. – J’ai lu rapidement le texte. Je l’ai trouvé
intéressant mais abstrait. Très juridique, il manque de propositions
pragmatiques. Je crains que les lecteurs ne prennent pas le temps de s’attarder
sur chacune des suggestions, rédigées dans un langage très technique. Aucune
interrogation non plus sur le pourquoi du djihadisme, l’accent est mis sur la
répression. La partie sur la géopolitique est faible ; nous n’avons pas auditionné
assez de spécialistes sur cet aspect. Ensuite, le style manque d’unité, les
transitions ne sont pas assez soignées. Si nous renonçons à comprendre ce qui
produit le djihadisme, nous n’arriverons à rien. Comment trouver des solutions
en oubliant les causes ?
M. Jacques Legendre. – A mon grand regret, je n’ai pu lire le texte
car j’étais au Cambodge pour assister à la réunion de l'Assemblée parlementaire
de la Francophonie (APF).
Mme Bariza Khiari. – Je suis venue deux fois pour prendre
connaissance de ce travail remarquable. Même si le corps du texte est riche, je
regrette, comme Esther Benbassa, l’absence de développements sur le
vivre-ensemble ou le regard porté sur l’islam : aucune proposition en ce sens.
Manquent
également
les
mots
« ghettoïsation »,
« radicalisation »,
« discrimination », « tentation du djihad ». Le rapport évoque l’humiliation des
musulmans mais est muet sur leur double frustration, celle ressentie
collectivement au niveau international, et celle, individuelle, éprouvée par ceux
qui ont envoyé des centaines de CV pour trouver un travail, sans résultat, et
restent chez eux désœuvrés. Les propositions, techniques, ne concernent pas le
terreau, ce qui conduit en amont à la radicalisation. Je voulais combler ce
manque par mes amendements, mais, si j’entends le rapporteur, ils ne seront
pas retenus…
Mme Nathalie Goulet, présidente. – Ils seront mis au vote !
M. François Pillet. – Quand on aime son mandat de sénateur, il est
parfois difficile de l’exercer. Cette commission d’enquête est passionnante, mais
comment suivre ses travaux tout en participant à la commission spéciale sur la
loi Macron et aux séances dans l’hémicycle ? Nous ne sommes pas tous des

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