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entendues a ainsi insisté sur la nécessité de fournir aux futurs imams des clés
pour lire « le texte dans le contexte », c’est-à-dire de donner des méthodes
permettant de replacer et d’interpréter le texte du Coran à la lumière de la
culture et de la législation françaises – en ce qui concerne par exemple les
règles relatives au mariage ou encore aux successions. Dans cette logique,
l’institut Al-Ghazali consacre une part de ses enseignements à l’histoire de la
France et de ses institutions, à la philosophie, ainsi qu’à des notions de
psychologie appliquée. Partant du principe que les différents responsables
religieux auront nécessairement à exercer ensemble, notamment s’agissant
de l’aumônerie dans les prisons, l’armée ou les hôpitaux, l’institut fait par
ailleurs intervenir des représentants d’autres cultes pour évoquer les
questions liées aux autres religions et à leur histoire.
A par ailleurs été émis le souhait, partagé par votre commission
d’enquête, que cette formation permette le développement d’un clergé
musulman parfaitement francophone.
Ces deux éléments, et en particulier la connaissance de la langue
française, doivent se trouver au fondement d’une formation appelée à
devenir systématique et plus lisible 1.
 La question du financement de la formation et plus largement de
l’exercice des clercs musulmans a été soulevée à plusieurs reprises au cours
des travaux de votre commission d’enquête. En France, les imams seraient
très souvent bénévoles ; selon les informations transmises, cette situation ne
serait pas sans poser problème dans la mesure où les acteurs en charge de la
gestion des lieux de culte ne disposent pas du levier financier pour influer
sur le comportement de certains imams dont le discours serait jugé trop
rigoriste. Certains ministres du culte musulmans percevraient cependant de
la part de l’association en charge de la gestion du lieu de culte une
indemnité, de l’ordre de 700 euros pour un poste à temps complet 2 – les
postes étant cependant le plus souvent à mi-temps, voire à quart-temps. Les
imams étrangers exerçant en France, qui sont le plus souvent des imams
détachés en provenance d’Algérie, du Maroc ou de la Tunisie – où ils
exercent en tant que fonctionnaires – sont rémunérés par le gouvernement de
leur pays d’origine. Selon un responsable religieux entendu par votre
commission d’enquête, il semble probable que « les pays qui financent des
imams entendent exercer une influence ».
Il a été recommandé, pour remédier notamment à cette situation, de
favoriser la mise en place d’une fondation spécialisée assurant la gestion
des flux financiers destinés au culte, sur le modèle de la Fondation pour les
œuvres de l’islam de France. Créée en 2005, cette fondation ne fonctionne
cependant plus depuis 2007.
Cf. la position de votre commission d’enquête en matière de formation des aumôniers, page 242.
Selon les informations transmises, le recrutement des imams serait très concurrentiel et certaines
personnalités populaires, sur lesquelles reposerait l’attractivité des lieux de culte, pourraient
prétendre à des rémunérations très élevées.
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