Livre blanc de la sécurité intérieure
Les prestataires peu vertueux ne sont pas seuls responsables des
dysfonctionnements du secteur. Ainsi, des commanditaires peuvent
confier des prestations à des entreprises non autorisées ou sanctionnées.
Le manque d’information ou la négligence en sont une cause. Il ne peut
aussi être exclu que cela s’explique par la priorité donnée à l’image du
donneur d’ordre qui s’adjoint un prestataire de sécurité afin de rassurer
une clientèle ou des partenaires mais sans recherche réelle d’un service de
sécurité de qualité.
Quelles qu’en soient les raisons, ces pratiques ne favorisent pas l’émergence
d’entreprises de sécurité privée viables. Dès lors, il y a lieu d’introduire un
régime de responsabilisation solidaire des donneurs d’ordre et, selon les
cas, d’ouvrir la possibilité de sanctionner les donneurs d’ordre (publics
comme privés) en fonction des infractions commises, lorsqu’ils ne font pas
œuvre de vigilance.
Proposition :
Responsabiliser les donneurs d’ordre et réfléchir à la publication des
sanctions par le CNAPS
Enfin, tant que la logique de prix primera dans le recrutement de
prestataires de sécurité, au détriment de la qualité, le secteur sera tenté
par une compétition par le moins disant. Il est nécessaire d’introduire
une notion de qualité dans les critères de recrutement des entreprises de
sécurité. L’Etat donneur d’ordre, qui représente environ un quart du marché
de gardiennage, peut ici jouer un rôle de prescripteur.
Ces mesures structurelles relatives au fonctionnement du marché de la
sécurité privée peuvent s’accompagner d’une démarche de labellisation
des entreprises (tant sur le plan de la qualité de service que sur leur
intégrité) qui pourraient se décliner en labels spécifiques selon les enjeux
de sécurisation (OIV, sites SEVESO, grands événements).
Renforcer l’identité et l’attractivité du secteur de la sécurité privée
Le secteur de la sécurité privée souffre encore d’un déficit d’image et
d’appartenance. Il peut être attribué à une croissance récente et rapide,
une forte hétérogénéité et une intégration incomplète au continuum de
sécurité. Remédier à ce déficit permettra au secteur de renforcer le sens de
sa finalité et de se porter au niveau attendu des contributeurs à la sécurité
globale.
En premier lieu, il semble nécessaire de renforcer le sentiment d’appartenance
à une profession de sécurité. Le port obligatoire d’un uniforme propre à
la sécurité privée peut contribuer à cette identité et cette appartenance.
Le port de l’uniforme, associé à une carte professionnelle sécurisée et
un numéro d’identification, permet aussi d’assumer publiquement une
fonction et de répondre de ses obligations sous peine de sanction (absence
d’uniforme, port en-dehors des horaires et lieux de travail).
Cet uniforme devrait reposer sur une base unique à toutes les entreprises
de sécurité privée et cependant permettre à celles-ci d’intégrer des
marqueurs qui leur seraient propres.
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