Livre blanc de la sécurité intérieure

2.3.3. Protéger les frontières en luttant contre l’immigration irrégulière
Une pression migratoire inédite
Depuis une vingtaine d’années, le continent européen est soumis à une
pression migratoire permanente à ses frontières terrestres et maritimes
sud-est et sud, ainsi que sur l’ensemble de ses frontières aériennes.
En 2015, 1 822 177 étrangers en situation irrégulière ont été contrôlés
aux frontières de l’Union européenne. Ce phénomène a connu une
première accélération lors des révolutions du printemps arabe (2011), s’est
considérablement amplifié à la faveur du conflit dans la zone irako-syrienne
depuis 2014 et surtout en 2015 ; il est appelé à s’inscrire dans la durée. En
2019, la pression a fortement diminué mais demeure à des niveaux toujours
élevés avec 139 446 migrants contrôlés (source Frontex).
Au-delà son ampleur, il recouvre des risques d’une autre dimension car il a
été utilisé par les réseaux terroristes pour permettre à leurs membres de se
déplacer entre la zone de conflit et les États européens.
La prégnance des mouvements secondaires qui impactent fortement la
France, pays historique d’accueil, est vue comme une autre caractéristique
importante de ce phénomène migratoire.
Ces mouvements secondaires, cumulés à une menace terroriste prégnante
depuis 2015, ont conduit nombre d’États membres, à rétablir les contrôles
aux frontières intérieures. Il s’agit aussi d’assurer la surveillance du réseau
ferré et, notamment, des liaisons internationales. Cette surveillance
s’effectue sous la forme, entre autres, de patrouilles mixtes opérant sur le
territoire de plusieurs états voisins.
La sécurité des mobilités, notamment à travers le contrôle des flux, qu’ils
soient maritimes (small boats), ou terrestres (axes routiers, axes frontaliers,
ferroviaires, zones montagneuses) est indispensable à la maîtrise du
phénomène migratoire et à la lutte contre l’immigration irrégulière.
La pression aux frontières extérieures doit être abordée au travers de routes
d’accès fluctuantes en fonction de la conjoncture et, notamment, des
actions engagées sur le plan international et plus spécialement européen :
Méditerranée orientale, depuis la Turquie vers la Grèce, Méditerranée
centrale, depuis la Libye vers l’Italie, Méditerranée occidentale, depuis
l’Algérie et, surtout, le Maroc, vers l’Espagne.
Il faut également tenir compte du vecteur aérien, tant pour les mouvements
secondaires que pour les entrées directes et, dans ce cas, aussi bien par
le contournement de la réglementation que par le recours à la fraude
documentaire.
Enfin, il ne faut pas oublier l’Outre-mer et, notamment, Mayotte et la Guyane.
Mayotte est emblématique de la problématique migratoire, avec près d’un
habitant sur deux de nationalité étrangère (recensement INSEE 2017). Parmi
cette population, un étranger sur deux est en situation irrégulière (rapport
INSEE 2015). Pour faire face à cette situation un plan interministériel a été
mis en place à l’été 2019 fondé sur la coordination inter-services, la PAF et
la GN ayant pris à leur compte l’intégralité du volet maritime de la lutte
contre l’immigration irrégulière. En Guyane, le phénomène est de moindre
ampleur, avec 39 % de la population de nationalité étrangère. Dans ce
département, la lutte contre l’immigration clandestine est imbriquée avec
115

Select target paragraph3