INTERROGATIONS DEVANT L’AVENIR
Aucun pays dans le monde n’a poussé aussi loin que la France la réflexion
sur les conséquences de l’informatisation de la société. Les contacts nombreux
que les membres de la Commission entretiennent avec des spécialistes
étrangers lui permettent de dire que la pensée française a dans ce domaine une
certaine primauté.
Cette réflexion a été organisée, alors qu’à l’étranger elle est souvent le fait
d’universitaires, de sociologues ou de juristes plus ou moins isolés. A l’initiative
du Gouvernement deux importants rapports ont été publiés, un colloque
international a eu lieu.
Il serait souhaitable que les vastes confrontations qu’ils ont permis ne
restent pas des spéculations intellectuelles et aboutissent à des résultats
pratiques.
La loi sur l’informatique, les fichiers et les libertés, qui conserve un
caractère expérimental, est née du rapport demandé par le Gouvernement en
1974. Les intentions manifestées lors de la semaine Informatique et Société
demandent également à passer dans les faits.
Les conséquences de l’informatisation sur l’emploi, l’éducation, la
culture et les libertés restent une préoccupation constante des partis
politiques aussi bien que des syndicats professionnels et ouvriers. Des
intergroupes se sont constitués à l’Assemblée nationale et au Sénat sur
l’informatique et la télématique. Ils réunissent des parlementaires de
formations différentes, animés du même souci d’être informés et désireux
d’étudier ensemble un phénomène contemporain dont ils perçoivent toute la
portée.
La Commission, institution nouvelle pour des temps nouveaux, entend
participer à cette réflexion ainsi qu’elle en a reçu mission permanente de la loi et
du décret d’application.
Le dernier SICOB a marqué l’explosion de l’informatique dans ce qu’il
est convenu d’appeler la bureautique. Des secteurs entiers de l’activité
humaine vont progressivement se transformer pour s’adapter à l’automatisation.
Le délai qui existe entre les découvertes scientifiques ou technologiques et
leurs applications tend à diminuer. Même si un temps d’arrêt affectait ces
découvertes, des progrès nombreux se manifesteraient encore dans les
prochaines années. Mais les experts considèrent que l’informatique continuera
à connaître de fulgurants développements pendant au moins quinze ans. Les
seules limites à ses progrès paraissent être celles de la matière et de la vitesse
de la lumière. Ces développements seront accompagnés d’un écroulement des
coûts.
La Commission désire dans ce premier rapport attirer l’attention sur la
dissémination prévisible des fichiers et sur la nécessité pour notre pays de
conserver son identité culturelle.
De plus en plus, les personnes fichées seront elles-mêmes détentrices
d’informations nominatives. Avec les micro-ordinateurs, les médecins, les
avocats, les commerçants, les chercheurs possèderont des fichiers automa115

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