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II. LONGTEMPS CONSIDÉRÉ COMME LE PARENT PAUVRE DU
RENSEIGNEMENT INTÉRIEUR, LE RENSEIGNEMENT TERRITORIAL
RESTE EN CONSTRUCTION

Le renseignement intérieur a fait l’objet d’importantes réformes d’abord en
2008 puis en 2014. La disparition des renseignements généraux s’est accompagnée
d’une crise de confiance et d’identité d’un renseignement de proximité qu’il a fallu
réinventer.
Dans le contexte d’une menace terroriste persistante et diffuse, ces réformes
ont profondément réinterrogé les modalités d’organisation des services de
renseignement du ministère de l’Intérieur.
A. LES RÉFORMES DE 2008 ET 2014 ET L’AFFIRMATION PROGRESSIVE
DU RENSEIGNEMENT TERRITORIAL

Le renseignement intérieur a fait l’objet d’un important mouvement de
réforme, intervenu en deux temps : d’abord en 2008 avec la constitution de la
DCRI – qui deviendra la DGSI – puis en 2014 avec la création du service central du
renseignement territorial (SCRT).
Jusqu’en 2008, le renseignement intérieur était organisé en France autour
de deux grandes directions :
– La direction de la surveillance du territoire (DST) chargée du contreespionnage, de la lutte contre le terrorisme et de la défense du patrimoine
industriel, économique et scientifique du pays.
– La direction centrale des renseignements généraux (DCRG), en charge du
suivi des phénomènes sociaux et des mouvances extrémistes et reposant sur
un maillage territorial fin.
Cette organisation a montré ses limites, conduisant la DST et les RG à se
livrer une concurrence qui pouvait parfois conduire à une véritable guerre des
polices. L’évolution de la menace terroriste a aussi progressivement rendu obsolète
la pertinence de la répartition des rôles entre ces deux directions.
Dans un contexte politique marqué par la Révision Générale des Politiques
Publiques (RGPP), le renseignement a ainsi été marqué par une première réforme
en 2008 avec la création de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI)
qui a consisté à regrouper au sein d’une même direction les personnels de la DST et
une partie substantielle de la direction centrale des renseignements généraux. Au
terme de cette réforme, la nouvelle DCRI est devenue seule compétente en matière
de lutte contre le terrorisme, dans le cadre de sa mission plus large consistant à
« lutter contre toutes les activités susceptibles de constituer une atteinte aux intérêts
fondamentaux de la Nation ».

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