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À la suite des attentats de Madrid du 11 mars 2004 et d’une décision
du Conseil européen de décembre de cette même année, le SitCen devient
compétent en matière de contre-terrorisme.
À partir de 2007, le SitCen est autorisé à traiter de sujets transversaux
au-delà du seul domaine de la PESC. Puis avec l’entrée en vigueur du traité de
Lisbonne, le SitCen s’intègre au sein du service européen d’action extérieure
(SEAE), en charge de relier les composantes civiles et militaires de l’UE : il
prend alors sa forme actuelle sus le nom d’IntCen pour Intelligence Center. La
diffusion de notes d’analyse sur la base des renseignements transmis par les
Etats membres se fait ainsi désormais au profit du SEAE et sous l’autorité du
Haut Représentant pour la PESC.
Du SitCen à l’IntCen l’évolution sémantique n’est pas neutre si l’on
considère que l’on est passé d’un centre « de situation » à un centre couvrant
également le renseignement. Cette nouvelle dénomination renvoie au passage
par la phase du renseignement dans le processus décisionnel. L’IntCen
s’apparente désormais davantage à un « fusion center » permettant de
produire, d’analyser et de diffuser du renseignement « toute source » au profit
du SEAE et du HR.
L’IntCen reçoit chaque année plusieurs milliers de contributions des
États membres et produit autour de 800 notes par an qui sont distribuées à
environ 450 destinataires, dont le Président du Conseil européen, le SEAE, les
commissaires, les DG et directeurs, mais aussi un certain nombre d’experts.
L’IntCen a accès à 89 services dans les 28 États membres. Des passerelles
existent entre les sphères civiles et militaires. En effet, 90 % de la production
du renseignement européen est commune au militaire et au civil.
L’IntCen aide les États membres à se forger une vision minimale sur
l’ensemble des sujets. Le COPS considère les analyses de l’IntCen comme
base commune. Par exemple, sur la situation en Ukraine, c’est l’IntCen qui a
produit cette base commune. Cela intervient comme une aide à la décision. En
pratique, on constate une convergence de vues et d’analyse, à part quelques
sujets ponctuels.
II. LE RENSEIGNEMENT EUROPEEN AU MILIEU DU GUÉ
Faut-il créer une « CIA européenne » ? Cette question revient
régulièrement dans le débat. En 2010, Catherine Ashton alors
Haut-Représentante avait suggéré la fusion de l’IntCen avec le centre de crise
de la commission européenne. À chaque attentat commis sur le sol européen,
le sujet est remis sur la place publique. Si à première vue, l’idée pourrait
paraître séduisante de doter l’Union européenne d’une capacité autonome de
renseignement, force est de constater qu’elle révèle surtout une