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B. SURVEILLER LA RADICALISATION EN DETENTION : LA
NECESSAIRE MONTEE EN PUISSANCE DU RENSEIGNEMENT
PENITENTIAIRE
La prison constitue, depuis quelques années, un foyer important de
radicalisation, dont a encore malheureusement témoigné l’attaque au couteau
commise par un détenu à l’encontre d’un surveillant dans le centre
pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe, le 2 mars 2019.
Au 26 mars 2019 étaient ainsi décomptés 1 019 détenus de droit
commun radicalisés inscrits au FSPRT et 514 détenus condamnés pour des
faits en lien avec le terrorisme islamo-djihadiste (TIS).
La prégnance du phénomène de radicalisation en détention présente,
eu égard aux caractéristiques spécifiques du milieu carcéral, un enjeu majeur
de sécurité publique et une priorité pour la politique de lutte contre le
terrorisme.
Il est en effet communément admis que la concentration d’individus
dans un espace clos et de proximité accroît les risques de « contagion » des
idées radicales à l’égard du reste de la détention. Cette position a été résumée
par la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Mme Adeline
Hazan, dans un avis 2015, qui soulignait : « L’importance de la surpopulation
carcérale, dont les pouvoirs publics semblent avoir pris la mesure mais sans y
apporter de réponse suffisante, a un impact direct sur les conditions de prise
en charge des personnes détenues ; promiscuité, cohabitation de personnes
détenues plus ou moins ancrées dans un processus de délinquance, pratiques
de « caïdat » et pression sur les plus faibles, absence d’accès au travail et de
chances de réinsertion. Les phénomènes de prosélytisme s’y développent à
l’évidence beaucoup plus facilement ».
Au demeurant, la concentration d’individus condamnés pour des faits
de terrorisme serait susceptible de renforcer certains réseaux islamistes, voire
de faciliter la planification de projets terroristes.
Dans ce contexte, l’action du renseignement pénitentiaire constitue un
pilier essentiel, dont il apparaît aujourd’hui nécessaire de poursuivre la
montée en puissance.
1. Le renseignement pénitentiaire : un service en pleine mutation
a. Une structuration bienvenue du renseignement pénitentiaire
Créé en 1981, le renseignement pénitentiaire a connu une montée en
puissance importante au cours des dernières années, notamment pour répondre
à l’explosion du phénomène de radicalisation en détention et à l’incarcération
de détenus condamnés pour des faits de terrorisme.