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Les services de renseignement n’estiment en effet pas probable le
scénario d’un retour massif de ressortissants français vers le territoire
national.
Sur les quelques 1 328 individus (1) qui auraient rallié la zone depuis le
début du phénomène en 2012, 709 ressortissants ou résidents français
formellement identifiés étaient, au 8 mars 2019, encore présents en zone
syro-irakienne, parmi lesquels 129 détenus (54 hommes et 75 femmes).
Pour l’heure, les velléités de retour de ce contingent français sont
demeurées mesurées. Seuls 270 individus auraient ainsi regagné
volontairement le territoire national. Sur les trois dernières années, le nombre
de retours a été de 24 en 2016, 10 en 2017, 10 en 2018 et 2 depuis le début de
l’année 2019.
De l’avis des services de renseignement, si la défaite de l’État
islamique pourrait faire évoluer la situation et inspirer une plus grande volonté
de rapatriement, les difficultés pratiques à quitter la Syrie et l’efficacité des
mesures d’entrave réduiraient, pour l’heure, les risques de fuite et de retours
non contrôlés.
B. LA MENACE ENDOGENE, PRINCIPALE PREOCCUPATION DES
SERVICES DE RENSEIGNEMENT
En raison de la réduction des risques d’attaques fomentées depuis
l’extérieur du territoire national, la préoccupation de la communauté du
renseignement demeure aujourd’hui principalement orientée vers la menace
endogène.
Affaiblie sur le plan territorial, l’État islamique conserve en effet, par
le biais d’une propagande particulièrement active, la capacité de provoquer
sur notre territoire, directement ou indirectement, des attaques dites
« inspirées » ou d’initiative. Qui plus est, les services de renseignement
constatent une relance de la propagande médiatique de l’organisation
Al-Qaeda.
Tous les passages à l’acte depuis les attentats du 13 novembre 2015
ont été commis par des individus isolés, radicalisés et ne s’étant pas rendus en
zone-syro-irakienne.
Cette évolution de la menace place les services de renseignement face
à des difficultés importantes dans la caractérisation des éléments déclencheurs
d’un passage à l’acte. Pour la DGSI, s’il est possible de déceler des
similitudes dans les profils des terroristes – pour la plupart aux profils
(1) Un nombre élevé de français ou d’étrangers résidant en France, estimé, au 8 mars 2019, à 312, serait
par ailleurs décédé sur place.