- 30 -

2. L’implantation de l’écosystème criminel des drogues
Le risque de déstabilisation lié au trafic de stupéfiants est connu de
longue date, non seulement en Amérique latine, mais aussi en Afrique où
l’influence des réseaux de trafics de stupéfiants sur certains États comme la
Guinée-Bissau est documentée par les organismes internationaux. En Europe
même, l’emprise des réseaux sur les Pays-Bas, qui ont conduit récemment au
meurtre d’un journaliste et à la nécessité de placer sous protection le Premier
ministre, est depuis plusieurs années un sujet d’inquiétude pour les autorités
de police locale, et nécessairement pour la France 1, pour laquelle la proximité
avec les réseaux implantés aux Pays-Bas a un impact direct.
En France, la lutte contre les stupéfiants fait depuis mai 2021 l’objet
d’un comité interministériel installé par le Premier ministre qui, dans le
prolongement du plan national de lutte contre le trafic de stupéfiants du
17 septembre 2019, entend « agir sur l’ensemble des dimensions liées à ce
phénomène. Des trafics internationaux aux deals dans les cages d’escalier ». Le chef
de file chargé de la coordination des services est l’Office anti-stupéfiants
(Ofast). Les moyens d’entrée des stupéfiants en provenance d’Amérique
latine sur le territoire national sont multiples et certains ont fait l’objet de
rapports parlementaires 2 spécifiques.
La délégation parlementaire au renseignement s’est particulièrement
intéressée à l’impact du report des trafics de stupéfiants en provenance
d’Amérique latine des ports d’Anvers et de Rotterdam sur le port du Havre,
qui fait l’objet d’une attention particulière des autorités, et plus
particulièrement de la DNRED. La croissance du port du Havre, déjà
premier port français en termes de fret et appelé à se développer au cours
des prochaines années, en fait un enjeu stratégique. *****.
*****
L’État a par ailleurs déployé d’importants outils de détection sur le
port du Havre, dont un scanner à camion opéré par les services des
douanes : la délégation a pu constater son rythme soutenu d’utilisation et
son efficacité lors de son déplacement sur place.
Des enjeux de coopération entre les dockers, les entreprises de
manutention portuaires, les autorités portuaires, les douanes et la police
judiciaire demeurent pourtant. Ainsi, les communications d’informations sur
les activités illégales et la sécurisation des sites restent perfectibles même si
des programmes d’investissement ont été engagés par les autorités
https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2018/03/05/pour-les-policiers-neerlandais-les-pays-bassont-devenus-un-etat-narco_5265700_4497186.html
2 Notamment le trafic de drogues entre la Guyane et la métropole, qui a fait l’objet du rapport
d’information n° 707 (2019-2020) « Mettre fin au trafic de cocaïne en Guyane : l’urgence d’une
réponse plus ambitieuse » de M. Antoine Karam, fait au nom de la mission d’information
sénatoriale sur le trafic de stupéfiants en provenance de Guyane.
1

Select target paragraph3