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Le 25 novembre, France 2, en partenariat avec Disclose, a diffusé un
numéro de son magazine d’investigation « Complément d’enquête » intitulé
« France-Égypte : révélations sur une opération secrète ».
a) Les faits dénoncés
Une source aurait remis des centaines de notes issues des services de
l’Élysée, du ministère des armées et de la Direction du renseignement
militaire (DRM) :
sur le plan opérationnel, ces documents expliciteraient les
conditions de mise en œuvre par la DRM d’un avion léger de surveillance et
de reconnaissance (ALSR) dans le but de fournir à l’Égypte des
renseignements à but antiterroriste (interceptions de communications et
moyens optiques), pour protéger sa frontière ouest d’incursions depuis la
Libye ;
sur le déroulement de l’opération, les militaires français auraient
signalé à leur hiérarchie que les renseignements fournis aux Égyptiens
auraient été utilisés à des fins de lutte contre la contrebande et l’immigration
illégale, occasionnant des frappes aériennes sur des civils.
b) Les problèmes soulevés
L’opération Sirli aurait été décidée par M. Jean-Yves Le Drian, alors
ministre de la défense, en juillet 2015, à la suite d’une demande de son
homologue égyptien de sécuriser les 1 200 kilomètres de sa frontière avec la
Libye1 :
le cadre d’un éventuel accord de coopération technique spécifique
n’est pas connu ;
selon la presse, la DRM opérerait depuis début 2016 au moyen
d’une équipe de dix opérateurs (quatre militaires et six agents privés) et d’un
ALSR loué à la société luxembourgeoise CAE Aviation ;
toujours selon la presse, un militaire égyptien serait présent dans
l’avion pour écouter les communications interceptées ;
les rapports des opérateurs français auraient informé, à plusieurs
reprises depuis 2017, que le renseignement aérien fourni – qui à l’origine
n’était pas un outil de ciblage – semblait être immédiatement utilisé par
l’armée égyptienne pour éliminer des cibles au sol (véhicules de type
pickup) sans aucun moyen de recoupement de l’information quant à
l’identité des suspects ni au niveau de la menace ;
les notes révèleraient enfin que le principal objectif que
poursuivent les Égyptiens serait la lutte contre le trafic transfrontalier, suivi
Disclose rapporte un bilan de la Présidence égyptienne faisant état de « 10 000 voitures remplies
de terroristes et de trafiquants » détruites par des frappes aériennes de Cessna ou de F-16
égyptiens.
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