Le développement de l’usage des SIA n’est pas seulement une réponse
technique à la révolution numérique. Il résulte aussi d’une adaptation
nécessaire de l’action des services de renseignement à de nouvelles
formes de menaces.
Depuis le début du siècle, les menaces se sont en effet fortement
diversifiées et ne résultent plus seulement d’adversaires étatiques
combattant au moyen de forces armées traditionnelles.
Une mouvance terroriste aux ramifications mondiales s’est ainsi
développée, engendrant une menace disséminée et protéiforme,
appelant à une automatisation et une généralisation poussée des procédés
de surveillance.
De même, les possibilités offertes par l’essor d’Internet et les nouveaux
outils numériques de communication, permettent à nos ennemis
de mettre en réseau leurs actions, de mieux les dissimuler et de contourner
les surveillances. Les « écoutes téléphoniques » qui constituaient
par le passé la technique de surveillance de référence sont ainsi
devenues bien moins productives du fait du recours massif aux
messageries et applications chiffrées. D’autres techniques, bien que
plus récentes, se heurtent aussi aux évolutions technologiques qui
questionnent leur efficacité. L’usage des SIA apparait dans ce cadre
comme un outil nécessaire pour accroitre, ou du moins préserver,
l’efficacité des techniques légales de renseignement.
Par ailleurs, les pouvoirs publics sont aujourd’hui confrontés à de
nouvelles formes de criminalités et à des formes inédites de
conflits qui se développent dans l’espace cyber. La « petite »
délinquance comme la criminalité organisée y ont trouvé aussi bien
des moyens de faciliter leur action que de nouvelles opportunités
délictuelles et criminelles (escroqueries en ligne, cyberattaques,
notamment). Les puissances étatiques ou organisations liées y ont,
elles aussi, trouvé un nouveau terrain de combat, permettant
d’engager des luttes informationnelles ou des tentatives de déstabilisation.
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