croissant de secteurs trouvant écho dans le foisonnement des réflexions
et questionnements sur les enjeux éthiques et sociétaux soulevés.
La présente étude ne définit pas l’IA, ni même ne prétend choisir
parmi les nombreuses définitions existantes qui peuvent renvoyer
tant à une discipline scientifique, dont le but est de parvenir à faire
imiter par une machine les capacités cognitives d’un être humain5,
qu’aux technologies concrètes qui sont issues de ce champ académique
de recherche6/7. Dans une approche pragmatique, la présente
introduction se borne à délimiter le champ de la réflexion engagée,
qui porte sur les impacts et enjeux, dans le domaine du renseignement,
de tout procédé automatisé qui, à partir de données reçues, génère
des résultats tels que des contenus, des prévisions, des recommandations
ou des décisions. Les systèmes retenus – appelés par commodité
dans la suite du propos « système d’intelligence artificielle » ou « SIA » englobent ainsi les traitements automatisés complexes de gestion
des données et toutes les techniques d’algorithmes et de systèmes
apprenants, à l’exclusion des systèmes logiciels et traitements
simples et d’utilisation courante, qui ne soulèvent pas les mêmes difficultés.
5. En ce sens, la définition historique retenue par Marvin Minsky fait de l’intelligence artificielle la science qui consiste à faire faire
à des machines ce que l’homme fait moyennant une certaine intelligence (voir notamment The Society of Mind, 1986). Voir aussi
la définition retenue par la Commission d’enrichissement de la langue française dans le Vocabulaire de l’intelligence artificielle
(liste de termes, expressions et définitions adoptés), publié au JORF n° 0285 du 9 décembre 2018 : « Champ interdisciplinaire
théorique et pratique qui a pour objet la compréhension de mécanismes de la cognition et de la réflexion, et leur imitation par un
dispositif matériel et logiciel, à des fins d’assistance ou de substitution à des activités humaines. »
6. Pour le Parlement européen, l’intelligence artificielle désigne la « possibilité pour une machine de reproduire des comportements liés aux
humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité ». (Site Internet : Intelligence artificielle : définition et utilisation).
7. Suivant la notion d’ « intelligence » retenue, on distingue parfois l’IA dite « forte » et l’IA qualifiée de « faible » ou « modérée ».
Les systèmes d’IA « faibles » ou « modérés » renvoient à des systèmes en mesure d’exécuter des tâches très complexes grâce
à leur capacité de gestion de l’information. Ces systèmes s’appuient sur l’une des composantes de l’intelligence humaine, la
puissance cognitive, pour réaliser les seules fonctions pour lesquelles elles ont été conçues, sans conscience, ni sensibilité. L’IA
« forte » ou « générale » vise les machines qui seraient dotées d’une forme de conscience d’elles‑mêmes et capable de réaliser
de manière totalement autonome une infinité de tâches, imitant ainsi une cognition humaine. Elle relève aujourd’hui du domaine
de la pure science-fiction ; en l’absence de rupture technologique majeure, les avancées scientifiques actuelles ne permettent
pas d’envisager de doter une machine de l’ensemble des facultés humaines.
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