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récent rapport rendu par Mme Claude Revel au ministre du Commerce extérieur
aborde avec précision ces questions fondamentales trop souvent délaissées (1).
Cette équipe pourrait aussi contribuer à identifier des marchés porteurs, y
compris émergents, à accompagner les entreprises dans la conquête de ces
nouveaux marchés mais aussi à anticiper les restructurations, les délocalisations
critiques, à prévenir les défaillances, les départs de donneurs d’ordre clés, à
décoder les risques de dépendance stratégique du territoire (matières premières,
technologies et savoir-faire, etc.)…, c’est-à-dire, au final, à réaliser une veille
permanente.
Dans l’exercice quotidien de sa mission, la D2IE ainsi repositionnée
pourrait s’appuyer sur une cheville ouvrière qui serait le service de coordination à
l’intelligence économique de Bercy, en collaboration avec l’ADIT et ses
déclinaisons locales, avec UbiFrance, avec les chambres de commerce et
d’industrie… Cependant, sa feuille de route devra être fixée par le pouvoir
politique. Si l’existence du comité directeur de l’intelligence économique auprès
de la présidence de la République peut se justifier par le prestige ainsi acquis, il
convient de le réunir plus fréquemment. Il devrait prendre une part majeure dans
la définition des grandes priorités nationales en matière d’IE. À cette fin, il
pourrait s’appuyer sur un Commissariat général à la stratégie et à la prospective
(procédant de la modernisation de l’actuel centre d’analyse stratégique) dont Mme
Yannick Moreau préconise la création dans son rapport remis au Premier ministre
le 4 décembre 2012 (2). Bien évidemment, le lien établi avec le coordonnateur
national du renseignement devrait être maintenu.
En parallèle de cette démarche stato-centrée, il serait souhaitable
d’encourager l’émergence d’une véritable politique régionale d’intelligence
économique. Les régions ont un rôle de premier plan à jouer dans
l’accompagnement des entreprises et dans la mise en œuvre d’une politique
territoriale cohérente. En outre, on pourrait envisager la nomination d’un
Délégué régional à l’intelligence économique (DRIE). Cette personnalité qualifiée
se verrait dotée de réels moyens humains et financiers pour mener sa mission. Son
rôle, précisé dans une lettre de mission officielle, serait d’animer et de fédérer les
compétences publiques et privées existantes ou d’en initier de nouvelles. Secondé
par des délégués départementaux, il repérerait et favoriserait les initiatives locales.
En lien avec ses homologues des autres régions et les correspondants étrangers de
la politique publique d’IE, il assurerait la mise en œuvre d’actions d’intelligence
économique, la diffusion d’informations et serait le relais des bonnes pratiques.
Au final, le DRIE, interlocuteur des échelons territoriaux des services de
renseignement mais aussi des acteurs du développement économique local, serait
le garant d’une réelle politique de sécurité économique active.
(1) Claude Revel, « Développer une influence normative internationale stratégique pour la France », Rapport
remis à Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, 31 janvier 2013, 103 p.
(2) Yannick Moreau, « Pour un commissariat général à la stratégie et à la prospective », Rapport remis au
Premier ministre, 4 décembre 2012, 86 p.