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A. CONFORTER L’ACADÉMIE DU RENSEIGNEMENT COMME PIERRE
ANGULAIRE DU CHANGEMENT DES MENTALITÉS
Fruit d’une volonté politique, la communauté du renseignement nécessitait
un fondement intellectuel, un ciment identitaire que l’Académie du renseignement
lui a apporté dès juillet 2010 (1). Le Livre blanc de 2008 en recommandait
d’ailleurs la création alors que l’OTAN préparait l’ouverture d’une instance
similaire en Roumanie.
Si, dans un premier temps, il a été envisagé de conférer à l’Académie du
renseignement un statut d’établissement public à caractère administratif, une telle
option a été jugée trop ambitieuse et c’est le choix d’un service à compétence
nationale qui a finalement été retenu. La question s’est donc posée de l’instance de
rattachement de la structure créée. Or la dimension interministérielle induite par ce
projet a naturellement conduit à désigner le Premier ministre en tant qu’autorité de
tutelle. En conséquence, il revient à celui-ci de nommer par arrêté le directeur de
l’Académie. Mais loin de corriger la présidentialisation du renseignement
précédemment évoquée, ce choix institutionnel relève de la même logique que
celle qui a prévalu pour le rattachement du CNR : le Premier ministre a été
retenu en raison de sa qualité de chef de l’administration, de pourvoyeur de
crédits et de personnels. À ce titre, il octroie les 1,4 million d’euros nécessaires au
fonctionnement de la nouvelle instance (2). Dans la logique des développements
antérieurs, vos rapporteurs préconisent de rattacher l’Académie au Secrétariat
général du renseignement, lui-même placé auprès du Premier ministre.
Selon le décret fondateur, cette structure assume une triple mission. Elle
concourt à la formation du personnel des services de la communauté du
renseignement (3). À cette fin, elle conçoit, organise et met en œuvre des activités
de formation initiale et continue. Ainsi l’Académie accueille-t-elle tous les six
mois une promotion d’environ 80 jeunes cadres des six services de renseignement
(cinq promotions se sont succédées depuis son entrée en fonction à l’automne
2010). Elle a également développé un cycle supérieur destiné à une quinzaine
d’agents « à haut potentiel » issus là encore des différentes entités : les intéressés
bénéficient de formations d’un niveau élevé sur une courte période (4). En outre,
des sessions thématiques sont organisées, regroupant les meilleurs spécialistes
d’un sujet. Comme il a été indiqué à la mission, les préconisations résultant de ces
travaux permettent la mise en place de coopérations opérationnelles entre les
services qui n’auraient sans doute pas pu voir le jour dans un autre cadre. Au total,
l’Académie a accueilli 700 stagiaires depuis sa création.
Ce faisant, elle œuvre au renforcement des liens au sein de la communauté
française du renseignement, notamment en matière de formation. En ce sens,
(1) Décret n° 2010-800 du 13 juillet 2010 portant création de l’académie du renseignement.
(2) Les fonds proviennent d’un redéploiement des crédits du CIR.
(3) La majorité des formateurs est constituée de cadres issus des services de renseignement.
(4) Selon les rapports publics annuels de la Délégation parlementaire au renseignement, chaque promotion de
l’Académie et chaque promotion du cycle supérieur sont reçues par l’organe parlementaire, témoignant
ainsi de l’importance que les élus de la Nation accordent aux agents des services.