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financières consacrées au développement de cet outil sont bien supérieures au
bénéfice retiré par les organes destinataires.
Au surplus, les moyens humains et techniques dédiés au renseignement
géospatial sont aujourd’hui éparpillés entre une dizaine d’entités dépendant
de chaînes hiérarchiques distinctes qui ne communiquent pas – ou trop peu –
entre elles. Elles n’échangent qu’à la marge les travaux d’exploitation de
l’information recueillie, recourent à des méthodes et outils différents, paralysent
souvent les capacités satellitaires mises à leur disposition par des demandes
redondantes, contradictoires et faiblement priorisées.
Dans un souci de performance, d’optimisation des équipements et des
effectifs, vos rapporteurs préconisent donc la création d’une agence de
moyens regroupant l’ensemble des entités chargées d’exploiter le
renseignement issu des capteurs spatiaux, en vue de le mettre à disposition de
l’ensemble des services de renseignement et du ministère de la défense.
À l’heure où les armées doivent envisager une réduction de leur format, la
création d’une telle agence permettrait de mutualiser les ressources humaines et
financières dédiées à ce segment d’activité tout en lui donnant la cohérence
nécessaire et en lui permettant d’atteindre le niveau de performance que la Nation
est en droit d’attendre au regard des investissements consentis ou à venir. Au-delà,
cette réforme favoriserait l’entrée de la France dans le cercle des Nations qui se
sont dotées d’une réelle capacité de renseignement « géospatial » (terme forgé aux
États-Unis), alors qu’imagerie et géographie continuent de s’ignorer et traversent
chacune à leur manière une crise d’identité et de vocation que des réformes
engagées depuis 2008 ne sont pas parvenues à résoudre.
Cette agence de renseignement géospatial, dont la production serait dédiée
aux trois grands services (DGSE, DCRI, DRM) et aux armées (EMA, état-major
d’armées et COS), regrouperait les moyens aujourd’hui épars de l’imagerie et de
la géographie militaires. Elle serait placée sous l’autorité du Secrétariat général du
renseignement dont la création est préconisée plus haut. Ce rattachement
permettrait de s’inscrire dans une réelle approche interministérielle et conforterait
la mission dévolue au coordonnateur, qui consiste à s’assurer de la mutualisation
des moyens techniques.
Si la création et la mise en œuvre d’une telle instance devaient donner
satisfaction, l’étape suivante pourrait alors se traduire par l’avènement d’une
agence de moyens techniques du renseignement (qui regrouperait dans un même
organisme le renseignement d’origine image – ROIM – et le renseignement
d’origine électromagnétique – ROEM). À l’heure actuelle, le développement des
capacités techniques dévolues aux services incombe à la DGSE qui a, en retour, la
responsabilité de mutualiser ses moyens avec les autres structures. Dans les faits,
des équipes de liaison issues des différentes entités permettent à celles-ci
d’accéder aux outils de la direction. Mais la dimension du service extérieur et son
caractère « intégré » – il insiste sur le fait qu’il combine capacités techniques et