— 183 —

la direction technique, la direction des opérations, la direction de la stratégie et la
direction de l’administration. Placé à la tête de cet organigramme, le directeur
général relève directement du ministre de la Défense ; il est nommé par décret en
conseil des ministres (1).
Créée ex nihilo en 1989, la direction de la stratégie est traditionnellement
confiée à un diplomate. Elle matérialise le rôle d’outil de la politique étrangère de
notre pays que joue la DGSE. Si elles se sont substantiellement améliorées, les
relations entre les diplomates et les agents méritent de s’étoffer. Dans cette
optique, la mission suggère de faire d’une affectation au sein du service
extérieur une étape normale dans la carrière des premiers ; en contrepartie, le
passage dans le corps diplomatique pourrait être facilité pour les membres de la
DGSE.
Enfin, l’existence d’une direction technique intégrée à la direction
générale est présentée comme un grand atout pour le service qui jouit ainsi d’une
certaine crédibilité à l’égard de ses grands partenaires étrangers. Pour autant, ce
monopole des capacités techniques n’est pas sans générer des difficultés à l’égard
des autres instances de renseignement français qui recourent aux capacités de la
DGSE en tant que de besoin. Plus généralement, le défi de la mutualisation de ces
moyens techniques semble se poser avec une acuité renouvelée.
D. MUTUALISER LES MOYENS TECHNIQUES EN IMAGERIE GÉOSPATIALE

S’il existe un relatif consensus parmi les autorités sur la priorité octroyée
au renseignement spatial et technique ainsi qu’aux programmes d’armement qui
en découlent (nouvelle génération de satellites après le lancement de Pléiades,
choix de drones nouvelle génération, mise en œuvre des Pod de reconnaissance
équipant les rafales au cours de l’opération militaire en Libye), ces enjeux soustendent néanmoins de nécessaires arbitrages politiques et administratifs
concernant les différentes armées, les services de renseignement, la Direction
générale de l’armement (DGA) et les grands groupes industriels du secteur. Loin
d’être négligeable, cette problématique a mobilisé les sphères décisionnelles de la
défense depuis le lancement du satellite militaire Hélios Ia.
Mais le véritable enjeu du renseignement géospatial réside moins dans les
moyens techniques consacrés que dans l’usage qu’en font les armées et les
services de renseignement. Ainsi, au-delà de l’apparente performance (si l’on s’en
tient aux capacités techniques, notre pays se classe parmi les leaders mondiaux en
matière de renseignement géospatial), des problèmes d’organisation et une
absence de doctrine se manifestent qui aboutissent au final à une utilisation
déficiente des équipements militaires d’observation spatiale. En effet, outre la
redondance des moyens déployés par les différents services, près de deux tiers des
« images » ne font l’objet d’aucune exploitation, le renseignement extrait ne
profite qu’à un nombre très limité d’acteurs de la défense, et les ressources
(1) Article D. 3126-1 du code de la défense.

Select target paragraph3