— 179 —
auraient accès à l’ensemble de ses données et de ses moyens tandis que
l’intégralité de leur production renseignement serait partagée avec elle. En
pratique, leurs personnels seraient rattachés à la DRM et mis pour emploi à
disposition des états-majors d’armée. Ils assureraient ainsi un travail de liaison
entre la direction et chacune des armes. La DRM entretiendrait par ce biais un
vivier de compétences et de talents qui pourrait nourrir ses recrutements futurs.
À la différence des centres d’armée, la situation du Centre national de
ciblage (CNC) semble plaider en faveur de son rattachement immédiat à la
direction : créé au début des années 2000 notamment pour rattraper le retard
français en matière de ciblage constaté lors de la campagne de frappes aériennes
au Kosovo, il se trouve vis-à-vis d’elle dans une très grande dépendance
structurelle. En effet, privé de capacités de recherche et d’analyse des sites ainsi
que d’une réelle autonomie en matière d’analyse systémique, il adresse à la DRM
la plupart de ses demandes de renseignement. Les deux services sont d’ailleurs
tous deux localisés à Creil. En outre, le CNC est soumis à la planification de
l’état-major des armées à l’instar de la DRM qui transforme ses priorités en plan
de recherche, et vit tout comme elle au rythme des opérations. Dès lors, la mission
comprend mal les raisons de son maintien en dehors du giron de la direction.
En substance, son autonomie ne présente que des aspects négatifs :
allongement des délais de traitement des demandes formulées par l’état-major des
armées, médiocres capacités d’anticipation qui lui interdisent d’interpréter les
signaux faibles pour définir très en amont de nouvelles directions de recherche et
d’analyse. Un rattachement à la DRM apparaît donc comme un moyen d’optimiser
significativement la mission ciblage dans le processus décisionnel, de réduire les
coûts de fonctionnement et de mutualiser les fonctions supports. De fait, il
permettrait de récupérer des ressources financières sans perte de capacités
opérationnelles et pour le plus grand bénéfice de la chaîne opérationnelle.
Dans le même esprit, le fait que le Centre militaire d’observation par
satellites, mis en place en septembre 2003 et implanté sur la base aérienne de
Creil, ne soit pas placé sous l’autorité de la DRM (qui lui adresse néanmoins des
directives) ne manque pas de susciter une certaine circonspection.
Au final, la fonction de coordination du système de renseignement des
armées qu’assure la DRM doit gagner en cohésion et en cohérence grâce à une
formation interarmées unifiée et à certains rapprochements organisationnels.
C. LA MÉTAMORPHOSE EN VOIE D’ACHÈVEMENT DE LA DIRECTION
GÉNÉRALE DE LA SÉCURITÉ EXTÉRIEURE
En 1966, à la suite du scandale de l’affaire Ben Barka, Charles de Gaulle
prend la décision de transférer la tutelle du SDECE de l’hôtel de Matignon au
ministère de la Défense, ce dernier étant supposé assurer une gestion plus
minutieuse du service. Fort logiquement, la DGSE (qui a succédé au SDECE en
1982) a hérité de cette situation. Néanmoins, dès 1989, en accord avec le Premier