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elle aura été avant tout la tête de chaîne du système de renseignement des
armées (1). Car si le service ne dispose que de 1 619 personnes (dont 80 % de
militaires), il s’appuie sur les moyens des armées – jusqu’à 16 000 militaires et
civils peuvent ainsi contribuer à la collecte du renseignement militaire, élément
que le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008 avait pourtant
omis.
La configuration est identique en ce qui concerne les moyens techniques :
elle peut compter sur une palette de capteurs, les siens et ceux répartis au sein des
armées : les satellites d’observation Hélios et Pléiades ; les satellites d’interception
des signaux électromagnétiques, dont Elisa (et bientôt Ceres) ; les systèmes de
reconnaissance des avions Atlantic et Rafale ; le Transall Gabriel (photos et
messages électromagnétiques) très engagé ces derniers mois ; le navire « espion »
Dupuy de Lôme (radio, radar)… De fait, elle maîtrise le cycle complet du
renseignement : l’orientation des capteurs, le recueil des informations, leur
analyse, leur traitement et leur diffusion.
Le service a su démontrer sa plus-value sur les théâtres d’opérations
ouverts, des Balkans au Mali en passant par l’Afghanistan et la Côte-d’Ivoire pour
ne citer qu’eux. Et bien que les décrets fondateurs des services de renseignement
laissent subsister quelques chevauchements, la DRM et la DGSE ont signé
plusieurs protocoles d’accord. À ce titre, les effectifs de la première
n’interviennent pas en France, agissent en uniforme, dans le cadre officiel des
opérations des armées, ne recourent jamais à la clandestinité et laissent à la DGSE
le soin de fournir le pouvoir exécutif en renseignement politico-stratégique.
Le bilan globalement positif de l’activité de ce service pourrait inciter à se
satisfaire du statu quo, à se borner à réclamer les moyens financiers et humains
que les précédents Livres blancs et lois de programmation militaire lui avaient
consentis. De fait, avec un budget de 155 millions d’euros (dont 34 millions hors
dépense de personnels et finançant pour l’essentiel des équipements nécessaires à
la conduite des opérations), la DRM voit ses moyens augmenter nettement en
2013. Mais cette évolution concerne uniquement ses crédits de personnel en raison
de l’accroissement des effectifs qu’elle a enregistré (+ 27 ETPT). En revanche, ses
ressources hors titre 2 sont en légère baisse, passant de 35,4 millions à
34,4 millions d’euros (2). Par ailleurs, si la DRM a peu évolué depuis sa création,
le format des armées au profit desquelles elle travaille a, pour sa part, connu de
profondes mutations. De même, les expériences militaires dans les Balkans,
l’émergence du terrorisme fondamentaliste, les conflits irakiens et afghans, le
progrès des technologies dans le domaine du recueil et du traitement du
renseignement, ont induit des défis que le service doit à présent se donner les
moyens de relever.
(1) Ancien directeur de la DRM, le général Michel Masson emploie également l’expression de « chef
d’orchestre », in « Les défis du renseignement militaire », Sécurité globale, été 2008, dossier « La
révolution du renseignement », p. 10.
(2) Rapport spécial de M. Jean Launay.