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Au final, le bilan objectif que la mission est en mesure de présenter
s’avère pour le moins contrasté. Si les préfets portent sur la réforme de 2008 une
appréciation globalement positive, ce satisfecit ne doit pas moins être mis en
rapport avec la profondeur du malaise persistant parmi les personnels de la
sous-direction.
● Le malaise persistant des personnels de l’information générale
Nous l’avons souligné, les personnels des anciens Renseignements
généraux (1) ont vécu comme un réel déclassement le rattachement de
l’information générale à la sécurité publique, qui n’occupe pas la place la plus
noble dans l’organigramme policier. Par ailleurs, certains fonctionnaires ayant
demandé leur affectation à la DCRI ont vu leurs espoirs déçus, car le nombre
important de candidatures a imposé ce qui a été ressenti comme une sélection. La
SDIG a donc pu être perçue par certains comme une scorie de la prestigieuse
DCRI, régulièrement présentée comme la véritable « aristocratie de la police ».
Le choix même de l’appellation « information générale » a également eu
un impact significatif au plan symbolique. Il a marqué une césure forte entre,
d’une part, le renseignement mis en œuvre par les spécialistes et des analystes
qualifiés, et, d’autre part, l’information susceptible d’être recueillie par n’importe
quel policier. Le protocole signé en 2010 entre la DCRI et la DCSP le souligne
d’ailleurs sans ambages, bien que le constat ainsi formulé ne résulte d’aucune
concertation préalable : « la DCRI constitue l’unique service français de
renseignement intérieur ».
Les suites données à l’affaire Merah ont également apporté leur lot de
mécontentement. En effet, alors que l’activité de l’individu relevait naturellement,
en raison de son caractère radical, de la DCRI, le rapport de Guy Desprats et
Jérôme Leonnet a proposé un certain nombre de réformes qui concernent
directement la SDIG – bien qu’au demeurant les deux rapporteurs aient signalé
qu’en procédant ainsi, ils ne faisaient que satisfaire aux objectifs fixés dans leur
lettre de mission et que l’affaire en question n’impliquait en aucun cas
l’information générale…
Comment ne pas comprendre l’irritation des personnels ? Nul n’a jamais
imputé à l’IG les dysfonctionnements des événements de Montauban et de
Toulouse et pourtant ce service n’en a pas moins fait l’objet d’une réforme par la
création de bureaux de liaison au sein desquels ont été affectés une soixantaine
d’agents du renseignement intérieur. Comme l’a indiqué un préfet à la mission,
« plus ça va, moins la motivation est là, à la notable réserve de quelques
fonctionnaires zélés ». (2) Un zèle qui a notamment permis une gestion efficace du
dossier Notre-Dame-des-Landes : celle-ci repose uniquement sur la coopération
(1) Rappelons que sur les 1 664 policiers que compte la SDIG, 1 192 sont d’anciens personnels des
Renseignements généraux.
(2) Réponses au questionnaire de la mission à l’attention des représentants de l’État dans les départements,
janvier 2013.