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la mesure où le DRPP serait maintenu dans ses attributions. En revanche, elle
soulagerait la direction centrale qui pourrait se recentrer sur son cœur de métier,
voire envisager l’exercice de nouvelles missions.
c) La montée en puissance du renseignement économique
Grâce à un recrutement diversifié (ingénieurs, spécialistes de la finance,
douaniers, inspecteurs des finances…), la mission invite la DGSI à porter une
attention plus soutenue à la lutte contre la prédation économique.
Cette activité avait été impulsée par Jacques Fournet, directeur de la DST
de 1990 à 1993, non sans difficultés dans la mesure où elle bousculait les schémas
traditionnels (1). Aujourd’hui, il serait concevable que le contre-espionnage et la
protection du patrimoine économique soient rassemblés. En effet, ces thématiques
constituent les deux maillons indissociables d’une chaîne devenue vitale. Péril
insidieux, l’espionnage menace les intérêts de la Nation et, dans un contexte
d’hyper-concurrence, sa compétitivité. Les Britanniques ont d’ailleurs consacré la
défense des intérêts économiques dans leurs lois sur les services de renseignement.
La DGSI doit dès lors faire preuve d’une ambition accrue sur cet enjeu.
À l’occasion, elle pourrait ouvrir son recrutement à des officiers de gendarmerie
dont l’action en matière d’intelligence économique est régulièrement louée (2).
Mettant à profit une pluralité de capteurs et une réelle proximité avec les
entreprises, la gendarmerie parvient à disposer d’une bonne connaissance du tissu
économique de sa zone de compétence. En outre, au sein du département sécurité
économique de l’INHESJ, elle assure un rôle fondamental de sensibilisation et de
formation. Une coopération plus étroite avec la DGSI s’avérerait donc très
profitable en matière d’intelligence économique.
De même, le renseignement intérieur pourrait étoffer son expertise dans le
domaine de la criminalité organisée et de la grande délinquance financière, en
interaction avec les autres services. Car ces menaces se sont hissées parmi les
principales pour nos pays développés. Insidieuses, rampantes, silencieuses, le plus
souvent ignorées des médias, elles ne terrorisent certes pas la population mais
peuvent ruiner une nation, générer des zones de non-droit, aboutir à l’organisation
d’une nouvelle traite des êtres humains, miner des règles sociétales bien établies.
À titre d’exemple, l’escroquerie à la taxe carbone aura coûté près de 1,4 milliard à
l’État ! Or, ces menaces sont encore insuffisamment prises en compte : à l’heure
actuelle, une cellule de tout au plus quatre à cinq personnes, au sein de la sousdirection de la protection du patrimoine économique, travaille sur ce secteur très
marginal par rapport au cœur de métier et au tropisme de la DST. Si le
contre-espionnage et la protection du patrimoine étaient fusionnés comme le
préconise la mission, il serait parfaitement envisageable d’orienter la nouvelle
sous-direction vers la collecte de renseignement financier dans une perspective de
(1) Cf. Jacques Fournet et Floran Vadillo, « La DST entre deux mondes : entretien avec Jacques Fournet », in
Sébastien Laurent (dir.), op. cit., p. 446 et sqq.
(2) Cf. le témoignage de Laurence Sartor, directrice de l’ADIT Champagne-Ardenne, in « Bilan et perspectives
de l’intelligence économique en 2013 », Veille mag, novembre-décembre 2012, n°134, p. 14.

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