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L’exercice de cette mission révèle une fois encore la faculté des RGPP à
s’affranchir des réformes de la police nationale : en 1973, la Police de l’air et des
frontières est détachée de la DCRG à l’exception de la région parisienne. De ce
fait, l’actuelle Direction centrale de la police aux frontières (DCPAF) n’a pas
établi de direction zonale pour l’Île-de-France.
Au sein de la DRPP, cette mission mobilise près de 200 fonctionnaires
(sur les 748 actifs), dont 75 qui disposent de la qualité d’OPJ. Les interceptions de
sécurité relatives à cette activité sont d’ailleurs cédées par la DCPJ à la DRPP. Le
bon sens voudrait que cette compétence – étonnante pour un service de
renseignement moderne – ainsi que ses fonctionnaires quittent le giron de la DRPP
pour rejoindre la DCPAF qui devrait donc s’organiser en conséquence. Ce serait
ainsi l’occasion de parachever en 2013 la réforme frappée au coin du bon sens
initiée en 1973 !
En définitive, le particularisme parisien ne pose de réelles difficultés qu’en
matière de renseignement intérieur (si l’on excepte l’anachronisme de la lutte
contre l’immigration clandestine). Les dispositifs mis en place (coordonnateur
Île-de-France, prééminence de la DCRI, absence de moyens spécifiques pour la
DRPP) semblent fort contingents, liés à la bonne volonté des acteurs et, par
conséquent, s’avèrent insatisfaisants.
Il paraîtrait cohérent d’achever la réforme de 2008 tout en tenant compte
du poids de l’histoire et des institutions. Aussi la mission préconise-t-elle la
création d’une direction zonale Île-de-France de la DCRI qu’intégrerait la
DRPP en sa qualité de service compétent à Paris (sa zone de compétence en
matière de renseignement intérieur serait donc amputée de la petite couronne).
Dans la pratique, le directeur zonal du renseignement intérieur aurait sous son
autorité le directeur du renseignement de la préfecture de police (lequel serait
toujours soumis à la tutelle pleine et entière du préfet en respectant le besoin d’en
connaître) et les directeurs départementaux des sept autres départements
d’Ile-de-France (1).
Cette option ne comporte que des avantages.
D’abord, elle achèverait sur ce point la réforme de 2008 en consacrant la
compétence nationale de la DGSI tout en respectant l’existence d’un service
hybride propre à la Préfecture de police mais néanmoins placé sous la double
autorité DGSI/PP.
Ensuite, elle rendrait inutiles tous les efforts de coordination en créant une
relation hiérarchique partagée sur la DRPP tout en donnant accès à celle-ci aux
moyens des services de renseignement.
Enfin, elle n’instituerait point un directeur zonal du renseignement
intérieur qui serait une responsabilité influente du service de Levallois-Perret dans
(1) Le poste de directeur régional du renseignement n’existerait pas dans l’architecture suggérée.